L’Union européenne durcit sa politique migratoire avec des expulsions accrues et des sanctions renforcées

Image d'illustration. Gros plan du drapeau de l'union européenneADN
Face à la pression migratoire croissante, l’Union européenne renforce son arsenal : multiplication des expulsions de migrants en situation irrégulière et durcissement des sanctions contre les États membres qui manquent à leurs obligations.
Tl;dr
- Durcissement majeur de la politique migratoire européenne.
- Nouveaux « hubs de retour » hors UE envisagés.
- Contribution financière : 20 000 € par demandeur d’asile refusé.
Pression politique et virage sécuritaire
Le vent a tourné à Bruxelles. Sous la poussée conjointe de la droite et de l’extrême droite, les vingt-sept membres de l’Union européenne ont acté, ce lundi 8 décembre 2025, un durcissement historique de leur politique migratoire. L’atmosphère s’est alourdie malgré une baisse récente – estimée à 20 % – des arrivées irrégulières sur le Vieux Continent.
En toile de fond, la crainte d’un sentiment d’impuissance qui minerait la confiance citoyenne. C’est du moins le leitmotiv martelé par Magnus Brunner, commissaire européen et architecte du texte, qui insiste : « Il est vraiment important que nous donnions aux citoyens le sentiment que nous maîtrisons ce qui se passe ».
Nouvelles mesures controversées
Les ministres de l’Intérieur réunis à Bruxelles ont approuvé trois textes décisifs portés par la Commission européenne. Parmi les propositions phares figurent l’ouverture de centres pour migrants situés hors des frontières de l’Union – les fameux « hubs de retour » –, des périodes de détention plus longues pour ceux qui refusent de quitter l’Europe, ainsi que le renvoi vers des pays considérés comme « sûrs », même si les exilés n’en sont pas originaires.
Si ces projets suscitent un large consensus politique, une poignée d’États tempèrent leur enthousiasme : la France questionne la légalité et l’efficacité du dispositif, tandis que l’Espagne exprime ses doutes sur les centres extraterritoriaux, déjà testés sans succès notable.
Soutiens politiques et réserves associatives
L’adoption rapide des mesures a été rendue possible grâce à un alignement rare entre conservateurs et extrême droite au Parlement européen. Pourtant, les voix discordantes se font entendre.
Les ONG et associations telles que PICUM dénoncent une atteinte aux droits humains : « Au lieu d’investir dans la sécurité, la protection et l’inclusion, l’UE choisit des politiques qui plongeront davantage de personnes dans le danger et l’insécurité juridique », alerte Silvia Carta.
Système inédit de répartition ou contribution financière
En parallèle, les États membres ont trouvé un terrain d’entente sur un nouveau mode de répartition des demandeurs d’asile. Désormais, chaque pays aura deux options :
- Accueillir directement sur son sol des demandeurs venus d’un État membre sous pression migratoire ;
- S’acquitter d’une contribution financière fixée à 20 000 euros par demandeur refusé.
Ce mécanisme entrera en vigueur dès juin prochain. Pourtant, peu nombreux sont les gouvernements prêts à annoncer publiquement qu’ils accueilleront plusieurs milliers de personnes. Une discrétion qui en dit long sur le climat politique actuel en Europe autour du dossier migratoire.
Un consensus fragile mais déterminé semble donc prévaloir à Bruxelles : avancer vite, quitte à soulever débats et polémiques bien au-delà des murs du Conseil européen.