L’Espagne menace de boycotter l’Eurovision si Israël y participe

Image d'illustration. Lumières scéniques colorées lors d un Événement musicalADN
L’Espagne menace de ne pas prendre part au prochain concours Eurovision si Israël reste autorisé à concourir, alors que la Russie a été exclue en 2022 après l’invasion de l’Ukraine. Cette décision soulève une polémique sur les critères d’exclusion.
Tl;dr
- L’Espagne annonce son boycott de l’Eurovision 2026.
- Cinq pays menacent d’exclure Israël du concours.
- La participation d’Israël relance le débat sur l’équité.
Pressions croissantes autour de la participation d’Israël
Le spectre d’un boycott plane sur la prochaine édition de l’Eurovision. Lundi 15 septembre 2025, le ministre espagnol de la Culture, Ernest Urtasun, n’a pas mâché ses mots : « Nous devons faire en sorte qu’Israël ne participe pas à la prochaine édition de l’Eurovision » et « si nous (n’y) parvenons pas, l’Espagne ne doit pas prendre part ».
Dès le lendemain, la télévision publique espagnole (RTVE) officialisait sa décision : si l’État hébreu est maintenu en lice, l’Espagne se retirera du concours européen de la chanson prévu en 2026.
Un débat qui dépasse le simple cadre musical
Depuis début septembre, une série de radiodiffuseurs membres de l’Union européenne de radiotélévision (UER) menacent eux aussi de faire front commun. Aux côtés de l’Espagne, citons notamment la Slovénie, l’Islande, l’Irlande et les Pays-Bas. Pourquoi une telle crispation ?
Au cœur des interrogations figure un paradoxe apparent : alors que la Russie a été exclue dès 2022 après l’invasion de l’Ukraine, Israël reste pour sa part autorisé à concourir malgré les accusations portées contre elle à propos de Gaza — une situation encore alourdie par la récente déclaration d’une commission indépendante de l’ONU, dénonçant un « génocide » commis par Israël depuis octobre 2023.
Les rouages institutionnels et financiers du concours remis en cause
Rappel utile apporté par Fabien Randanne, spécialiste du sujet : « Il faut d’abord rappeler que ce ne sont pas des États qui participent, mais des diffuseurs . » En pratique, ce sont donc les membres actifs du réseau eurovision qui prennent part à l’événement — raison pour laquelle on y retrouve aussi bien Israël que des pays comme l’Azerbaïdjan ou même l’Australie (membre associé). Pour autant, jusqu’à aujourd’hui, aucune violation manifeste des critères n’a été relevée concernant Kan, la chaîne publique israélienne.
Mais les enjeux dépassent cette mécanique réglementaire. Car certains pays pèsent lourd dans le financement du concours. Ainsi, parmi les « Big Five », seuls cinq pays (Espagne comprise) assurent une part décisive du budget. Si plusieurs venaient à se retirer effectivement, c’est toute la tenue du concours à Vienne qui pourrait être compromise — tant sur le plan financier qu’organisationnel.
Voici quelques points clés qui cristallisent ces tensions :
- Boycott effectif annoncé par des poids lourds financiers.
- Suspension inédite : l’UER accorde un délai aux diffuseurs pour décider.
- Mise sous pression croissante après les résultats polémiques de 2025.
L’après-2025 : polémique et incertitude persistante
En toile de fond demeure une interrogation lancinante : comment justifier une différence de traitement entre Israël et la Russie ? Et jusqu’où iront les protestations ? Lors du dernier concours, la victoire populaire écrasante de Yuval Raphael, candidate israélienne, a ravivé le débat autour du vote – certains observateurs pointant même un possible contournement des règles grâce à un nombre élevé de votes autorisés par carte SIM.
Une chose paraît sûre : chaque prise de position officielle d’un membre du Big Five pourrait précipiter un changement radical dans la communication – voire dans les décisions mêmes – prises par l’UER. Pour le moment toutefois, silence radio du côté français : France Télévisions, contactée sur sa position éventuelle… n’a pas souhaité réagir.