Les magistrats évoquent leur souffrance au travail
Un "livre blanc" des conditions de travail dégradées des magistrats en France est remis ce jeudi au Ministère de la Justice.
C’est une nouvelle profession qui souhaite attirer l’attention du public sur ses difficiles conditions de travail. Comme l’indique Le Point, l’Union syndicale des magistrats (USM) veut briser le “tabou” de la souffrance au travail, dans un livre blanc où certains d’entre eux témoignent anonymement.
Les magistrats en souffrance au travail
“Parler des conditions de travail dans la magistrature est encore tabou, plus encore quand celles-ci sont dégradées ou anormales“, indique le syndicat majoritaire, qui lance “un cri d’alarme” dans ce rapport qui doit être remis jeudi au Ministère de la Justice, au Conseil supérieur de la magistrature, aux présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale et aux conseillers justice de l’Elysée et de Matignon.
Le syndicat a appelé ses adhérents à s’exprimer et a recueilli en septembre une centaine de témoignages, ce qui est une première, puisque qu'”aucune enquête généralisée et d’envergure n’a jamais été faite auprès des magistrats sur leurs conditions de travail“, comme l’a précisé son porte-parole.
La présidente de l’USM, Virginie Duval demande à la Garde des Sceaux “une gestion des ressources humaines respectueuse des individus et de leur qualité de travail“, à la suite des nombreux suicides de fonctionnaires qui sont survenus depuis 2011.
Moins de formation et de récupération pour les magistrats
La surcharge de travail et le manque de moyens sont principalement pointés du doigt, avec des “burn-out” et “épuisements” à la clef. Durant les absences, maladies ou congés, la charge de travail explose faute de remplaçants, en raison du grand nombre de postes vacants, constate également le syndicat.
Une situation critique qui ne permet pas un respect des droits des magistrats, comme celui à la formation ou les récupérations de temps de travail, qui ne sont pas prises. La responsable indique par exemple que 86,2% des fonctionnaires de justice travaillant le week-end ne prennent pas de repos compensateur en raison des contraintes de service. Le rapport souligne également la recrudescence des cas de harcèlement moral, notamment envers des magistrats nouvellement arrivés dans leur juridiction et isolés, des femmes accédant à de plus grandes responsabilités, ou des magistrats qui ont déplu à leur supérieur.