Les festivals d’été, pris entre originalité et pression économique

Comme chaque année, Sourdoreille a bâti le classement des "Squatteurs de festivals" après analyse de 230 festivals sur la période de mars à septembre. Et les grands gagnants sont...

Depuis 2012, le webzine Sourdoreille.net fait le point sur les festivals d’été, côté musiques actuelles. En épluchant la programmation artistique de quelque 230 d’entre eux, ils ont dégagé la tendance des plus gros “squatteurs de festivals” pour l’année 2015.

Mais il ne s’agit pas ici que d’un classement, c’est également l’occasion pour ces férus de musique de faire le point avec les organisateurs de festivals sur la difficulté de forger une programmation à chaque nouvelle saison.

“Squatteurs de Festivals 2015” : vous n’y échapperez (presque) pas

Certes, le titre de ce paragraphe est un brin provocateur, l’offre proposée par ces 230 événements culturels et 2.000 artistes étant tout de même pléthorique. Mais, cet été, attendez-vous à croiser les routes de :

• Massilia Sound System (présents sur 21 festivals, mais dans aucune affiche des 10 plus importants rassemblements)
• Shaka Ponk (20)
• Fauve (19)

Ensuite, les places sont occupées par Salut C’est Cool, Asaf Avidan et Fakear.
Concernant cette sur-représentation, Thierry Langlois (directeur de l’agence de tournée Uni-T) précise : “un artiste présent sur de nombreux festivals perd de sa valeur marchande, car il devient moins rare. Mais il ne perd pas de son attractivité. Les publics ne se déplacent pas d’un bout à l’autre de la France pour voir un artiste, sauf pour des festivals de niches comme le Hellfest”. 

A noter que l’an passé, le podium était constitué de Fauve, Stromae et Cats on Trees.

Têtes d’affiches et découvertes : la quadrature du cercle des festivals

Chez Sourdoreille.net, on remarque que le top 20 de ce classement est intégralement composé d’artistes français ou d’expression francophone. La raison ? Ces dernières années, les montants des cachets demandés par les agents d’artistes internationaux (majoritairement anglo-saxons) se sont littéralement envolés. Comme l’explique Jean-Jacques Toux, programmateurs des Vieilles Charrues : “On est conscients de la situation économique actuelle et on tient à ne pas trop augmenter les tarifs. En même temps, on a besoin de très grosses têtes d’affiches pour remplir. Et là où ça devient complexe, c’est que notre équilibre financier, notre break, est de plus en plus haut”. 

Même son de cloche pour Jean-Pauls Roland, directeur des Eurockéennes : “Pour de plus en plus de festivals, le point d’équilibre s’approche désormais du soldout (100% de billets disponibles vendus, NDLR) ! Alors même s’il y a un vrai attachement du public à un festival, cela ne suffit pas pour arriver à un tel remplissage”. Selon lui, la programmation se construit en 3 étages, un peu comme ceux d’un lanceur spatial : têtes d’affiches internationales, groupes français porteurs, et artistes émergents. Comme il le déclare, c’est ce dernier étage “qui fait qu’un festival se démarque des autres, qu’il a sa propre identité”.