Les apiculteurs français dans la rue pour demander un plan de soutien
Dans toute la France, des manifestations sont organisées suite aux pertes exceptionnelles rencontrées cette année, principalement à cause des pesticides néonicotinoïdes.
L’image est saisissante… Dans le centre-ville de Rennes, un cortège silencieux d’hommes et de femmes en tenue d’apiculture suivent un convoi funèbre composé de ruches vides ornées d’un drapeau français, breton et européen. Puis des voix s’élèvent, criant le slogan « Bayer, Monsanto, tueurs d’abeilles ».
Cette mobilisation des apiculteurs bretons n’est qu’une des nombreuses manifestations organisées aujourd’hui dans tout l’Hexagone par les producteurs de produits de la ruche. Un mouvement lancé suite aux pertes catastrophiques qui touchent le milieu depuis plusieurs années.
Jusqu’à 90% de pertes
Rennes, mais aussi Lyon, Paris, Tours, Strasbourg, Laon ou Périgueux, la mobilisation des apiculteurs est donc nationale comme l’indiquent nos confrères du Monde. Cette nouvelle saison funeste est celle de trop pour les producteurs qui, d’ordinaire discrets, ont cette fois décidé de taper du poing sur la table.
Il faut dire que cette année a été particulièrement meurtrière dans les ruches françaises. Certains apiculteurs déplorent des pertes allant jusqu’à 90 % de leur cheptel. Dans de nombreux territoires, les pertes dépassent le seuil des 80 %. Rien qu’en Bretagne, 20 000 colonies n’ont pas survécu à l’hiver. Au début des années 1990, le taux de perte atteignait péniblement les 5 %…
C’est pourquoi, à l’initiative de l’Union nationale de l’apiculture française (UNAF), les apiculteurs se mobilisent aujourd’hui pour demander un plan de soutien exceptionnel en faveur des professionnels sinistrés, mais également une prise de conscience écologique.
Les néonicotinoïdes pointés du doigt
Bien entendu, il ne faut pas chercher très loin pour comprendre les raisons d’une telle hécatombe. Plus que la pression sanitaire de certains parasites comme le varroa, voire le frelon asiatique avec lesquels les apiculteurs composent depuis plusieurs années, c’est bien entendu l’utilisation massive de pesticides dans l’agriculture intensive qui est pointée du doigt.
Les néonicotinoïdes, interdits en France, mais tolérés dans certaines exploitations, agissent par exemple sur le système nerveux des abeilles et les désorientent. Elles sont alors dans l’incapacité de retrouver la ruche et de la fournir en pollen, matière première qui permet la fabrication du miel. Sans miel, la ruche n’a plus de réserve et ne peut donc pas survivre à l’hiver.
Dans un tel contexte, les apiculteurs ne peuvent donc pas produire le miel puisé dans l’excédent que stockent les abeilles dans les rehausses de la ruche. En 20 ans, la production totale en France est passée de 32 000 tonnes à 10 000 tonnes en 2017.