L’entrée de Robert Badinter au Panthéon : sur quels critères repose la reconnaissance nationale ?

Image d'illustration. Vue majestueuse du panthéon à parisADN
Alors que la mémoire de Robert Badinter s’apprête à rejoindre celles des grandes figures honorées au Panthéon, la question se pose : selon quels principes et critères l’État français choisit-il ceux qui accèdent à cette distinction nationale exceptionnelle ?
Tl;dr
- Robert Badinter entrera au Panthéon le 9 octobre 2025.
- Panthéonisation exige incarner les valeurs de la République.
- Seul le président décide de l’entrée au Panthéon.
Une date hautement symbolique
En inscrivant sur le fronton du Panthéon la phrase « Aux grands hommes, la patrie reconnaissante. », la France rend hommage à ses figures majeures. Le choix du 9 octobre 2025 pour l’entrée de Robert Badinter n’est pas anodin : ce jour marquera exactement quarante-quatre ans après la promulgation de la loi abolissant la peine de mort, portée par l’ancien ministre de la Justice en 1981.
Cette date, loin d’être un simple clin d’œil au calendrier, souligne l’empreinte indélébile laissée par l’homme sur l’histoire des droits humains dans notre pays.
Des critères flous mais fondamentaux
Intégrer le Panthéon, c’est bénéficier de la reconnaissance suprême de la Nation. Pourtant, contrairement à ce que l’on pourrait croire, aucun texte officiel ne dresse une liste précise des qualités requises pour accéder à ce lieu prestigieux. En pratique, deux critères essentiels émergent, quoique leur interprétation reste ouverte.
D’abord, il s’agit d’incarner les valeurs de la République, et ce, d’une manière exemplaire. Mais comment juger cela ? On s’appuie notamment sur deux références majeures : d’une part, l’article 1 de la Constitution de 1958 énonce que « La République française est indivisible, laïque, démocratique et sociale. » D’autre part, la devise nationale « Liberté, égalité, fraternité » guide aussi ce choix. Ainsi, toute personnalité ayant remis en cause ces principes ou diffusé des idéaux contraires se verrait logiquement écartée.
Ensuite vient une dimension plus personnelle : il faut aussi une volonté exprimée ou respectée par les proches du défunt. L’exemple récent de Simone Veil, entrée avec son mari Antoine en 2018 après négociations familiales sur leur union posthume au sein du monument, illustre bien cette nécessité d’accord.
L’arbitre ultime : le président de la République
Contrairement à certaines périodes historiques où le Parlement décidait collectivement – ou même sous Napoléon, où tout reposait entre les mains du monarque –, depuis 1958, seul le président détient ce pouvoir solennel. C’est donc lui qui arbitre et tranche : tel homme ou telle femme a-t-il incarné les valeurs républicaines avec suffisamment d’exemplarité pour reposer parmi les grandes figures nationales ?
Pour résumer cette procédure complexe mais déterminante :
- L’incarnation irréprochable des valeurs républicaines prime.
- L’assentiment familial peut compter.
- C’est toujours le président qui statue en dernier ressort.
Derrière chaque panthéonisation, une histoire singulière
Au-delà des textes et des traditions, chaque entrée au Panthéon reflète aussi les débats et sensibilités d’une époque. La reconnaissance nationale s’inscrit alors comme un miroir tendu vers notre histoire collective autant que nos aspirations présentes.