Médecins de l’ombre : Révélations sur les avortements clandestins avant la loi Veil

Image d'illustration. Personnel de santé hôpitalADN
Alors que nous célébrons le 50ème anniversaire de la loi Veil, des activistes qui réalisaient des avortements illégaux avant son adoption partagent leurs expériences de cette époque. Quelles leçons pouvons-nous tirer de leurs témoignages ?
Tl;dr
- Les 50 ans de la loi Veil, autorisant l’IVG, sont célébrés.
- Des militants racontent les avortements clandestins pratiqués avant cette loi.
- Malgré la loi, l’IVG reste difficile à mettre en œuvre dans les hôpitaux.
Un demi-siècle de la loi Veil : lumière sur l’avortement clandestin
En ce vendredi 17 janvier 2025, nous marquons le 50e anniversaire de la promulgation de la loi Veil, une législation pionnière qui a légalisé l’Interruption Volontaire de Grossesse (IVG) en France. La loi, adoptée le 29 novembre 1974, porte le nom de Simone Veil, alors ministre de la Santé, qui a courageusement défendu cette avancée sociétale, avant d’être officialisée le mois de janvier suivant.
Des risques considérables avant la loi Veil
Avant l’adoption de cette loi, la réalité était tout autre. Daniel Blavet, un jeune médecin de Lyon, se souvient de son premier avortement clandestin en 1972 : « Au moment d’acheter le matériel nécessaire, je tremblais, j’avais l’impression que le vendeur voyait dans mes yeux que j’allais commettre un crime. »
Lui et son collègue Michel Debout, médecin légiste, ont risqué la prison pour aider les femmes. Malgré la peur, ils ont été motivés par la conviction que la cause qu’ils défendaient était d’une importance capitale. « On était médecin et on se disait : ‘Quand même, on n’a pas le droit de laisser une femme mourir !' », explique Blavet.
Une pratique clandestine difficile et dangereuse
Malgré les risques, ces deux médecins ont pratiqué des avortements clandestins avec du matériel médical « bricolé », selon une technique transmise par d’autres militants. Ils ont réalisé ces interventions sans en informer leur association, Choisir, fondée par l’avocate féministe Gisèle Halimi, jusqu’à ce qu’ils aient prouvé qu’ils pouvaient les effectuer sans mettre en danger les femmes.
Au fil du temps, le réseau s’est développé, bien que pas assez pour répondre à tous les besoins. « La première année, il y a eu 10 000 demandes et on a fait 2 000 avortements », précise Blavet.
Les défis persistent malgré la dépénalisation
Avec l’adoption de la loi Veil, les militants ont célébré, mais le soulagement a été de courte durée. Malgré la dépénalisation, les hôpitaux et cliniques étaient réticents à pratiquer des IVG. Le chemin a été long et semé d’embûches, mais aujourd’hui, les hôpitaux de Lyon comptent quatre centres pratiquant des IVG, témoignant du progrès accompli depuis ces jours sombres.