Le procureur de Marseille sur le trafic de drogue : « Si vous n’avez pas de consommateur, vous n’avez pas de point de deal, pas de trafic »
Nicolas Bessone est le nouveau procureur de Marseille. Invité sur RMC, il s'est exprimé au micro d'Apolline de Malherbe.
Depuis le début de l’année 2023 et jusqu’à la mi-novembre, les règlements de comptes dans des fusillades sur fond de trafic de drogue ont fait 48 victimes à Marseille et 113 blessés soit déjà 7 morts de plus qu’en 2022…
48 victimes à Marseille et 113 blessés sur l’année 2023
L’analyse du nouveau procureur de Marseille, Nicolas Bessone est limpide : « Tout ceci est très inquiétant. Sur les points de deal, nous avons un phénomène de ‘jobeurs’, qui sont recrutés sur toute la France. Ce sont des jeunes, souvent mineurs. Là, on est plutôt dans l’immédiateté, le rêve marseillais si l’on peut dire… Ce sont des recrutements sur les réseaux sociaux, avec des jeunes totalement déstructurés qui vont se mettre au service des organisations pour l’argent« , avance Nicolas Bessone sur RMC.
Ce sont très souvent des jeunes avec des tranches de vie compliquées
« Ces jeunes sont à l’image de notre société. Ce sont très souvent des profils avec des tranches de vie compliquées, des familles monoparentales. Parfois, il y a des pères. Mais effectivement, la délinquance en général et celle-ci en particulier est souvent liée à l’absence de père« .
Ils l’ont amené sur le point de deal, et supprimé 4 heures après… C’est de la chair à canon
« Ces jeunes sont aussi victimes de ces faits-là. Une de mes premières affaires à mon arrivée à Marseille, qui m’a marqué, c’est ce jeune Savoyard, 16 ans, recruté sur les réseaux sociaux, pris en charge à la gare Saint-Charles, amené sur le point de deal, et supprimé quatre heures après… C’est de la chair à canon »…
Le procureur de Marseille point les consommateurs : « Si vous n’avez pas de consommateur, vous n’avez pas de point de deal, pas de trafic. J’en appelle à la conscience de ces jeunes et de leurs familles, parce qu’il y a une responsabilité parentale« .
Comme pour Crépol, je pense qu’il faut donner les prénoms des délinquants pour être transparent
Enfin, à la question « Faut-il donner les prénoms des suspects, comme à Crépol ?« , Nicolas Bessone dit ‘Oui’ : « Je crois que nous avons tout intérêt à être totalement transparent, à donner les prénoms. Le procureur, en vertu de l’article 11 du code de procédure pénale, doit donner des éléments objectifs. Il me parait tout à fait important d’indiquer comment les faits se sont passés. On surfe toujours avec la limite. Il faut évidemment éviter de révéler des faits qui risquent de nuire à la poursuite des investigations. Sous cette seule réserve, je crois qu’on n’a rien à perdre à être transparent »…
- 48 victimes à Marseille et 113 blessés sur l’année 2023
- Ce sont très souvent des jeunes avec des tranches de vie compliquées
- Ils l’ont amené sur le point de deal, et supprimé 4 heures après… C’est de la chair à canon
- Comme pour Crépol, je pense qu’il faut donner les prénoms des délinquants pour être transparent