Le Mans : défenestrée par son compagnon et paraplégique, elle est jugée partiellement responsable
Aujourd'hui paraplégique après avoir été défenestrée par son compagnon en 2013, une jeune Mancelle n'a toutefois pas accès à une indemnisation totale. La commission en charge de son dossier la juge ainsi partiellement responsable de ce qui lui est arrivé.
“C’est une bataille qu’on ne devrait pas avoir à mener”, regrette Me Mathias Jarry qui représente cette femme de 31 ans avec Me Julie Dodin. Leur cliente, prénommée par leurs soins Aïda dans un souci de la protéger, a ainsi essuyé le refus de la Commission d’indemnisation de l’indemniser totalement, alors que son compagnon l’a rendue paraplégique en 2013. Cette histoire se passe au Mans.
Cité par Le Figaro, Me Jarry dresse un rappel des faits : le 24 août 2013, “il y a eu une bagarre entre le propriétaire de l’appartement et l’ancien compagnon de ma cliente. Il croyait qu’il la draguait. La police se rend ensuite sur place et voyant la jeune femme avec un coquard, lui propose de l’accompagner à la gare pour qu’elle passe la nuit avec sa famille, à Alençon”.
Défenestrée par son compagnon après qu’il lui a demandé de ramasser son vomi
Mais en raison de l’heure tardive, aucun train ne peut permettre à Aïda de retrouver les siens. Elle tente alors de se faire héberger par des amis, mais cette piste se révèle elle aussi non concluante. La jeune femme, alors âgée de 25 ans, prend à ce moment-là la décision de rentrer chez elle, sans réelle crainte nous dit-on.
Pourtant, affirme son avocat, elle avait déjà reçu “des gifles” de la part de son compagnon et des “coups de poing qui n’ont jamais donné lieu à une hospitalisation”. Et de poursuivre : “Quand elle rentre il ne la frappe pas mais lui demande de ramasser son vomi. Ce qu’elle fait. Elle était sous son emprise !”
Une indemnisation partielle car elle était rentrée chez elle cette nuit-là
Cette nuit-là, Aïda est frappée à plusieurs reprises puis défenestrée du 2e étage, pour les conséquences mentionnées plus haut. Et si, en 2016, son compagnon d’alors est condamné par la cour d’assises à 15 ans de prison en 2016, avec une indemnisation de 90.000 euros prévue pour la victime, cette dernière ne sera pas totalement indemnisée.
Le Fonds de garantie des victimes (Fgti) a ainsi considéré qu’en étant rentrée chez elle cette nuit-là, Aïda est partiellement responsable de ce qui lui est arrivé. “Si le Fonds ne comprend rien à la psychologie d’une femme victime des coups de son compagnon, alors il ne comprendra jamais rien aux violences conjugales et pourra toujours juger de cette manière. Il estime que parce qu’elle est revenue à l’appartement, elle a une responsabilité dans ce qui s’est passé”, déplore Me Jarry.
Saisie par les avocats, la Civi (Commission d’indemnisation des victimes d’infractions) a confirmé la décision du Fgti dans un jugement rendu en février dernier. Jugement dont Me Jarry et Me Dodin ont fait appel, pour une audience calée à mai prochain.