Le catalogue d’étoiles d’Hipparque enfin découvert sur un parchemin ?
Des chercheurs pensent avoir trouvé le catalogue d'étoiles d'Hipparque. Les différents indices semblent concorder.
En 2012, en analysant un manuscrit chrétien, un étudiant découvre, derrière le lettrage de certaines pages, des textes cachés. Une “autopsie” récente des 146 pages de l’œuvre réalisée via une imagerie multispectrale de pointe a permis d’en déchiffrer certains secrets : du matériel astronomique en grec, probablement écrit au Vᵉ ou VIᵉ siècle. Il y est question de mythes sur l’origine des étoiles d’Ératosthène et d’un poème du IIIᵉ siècle avant JC, les Phénomènes d’Aratos de Soles. Mais il pourrait y avoir plus intéressant encore, le catalogue d’étoiles d’Hipparque.
Des chercheurs pensent avoir trouvé le catalogue d’étoiles d’Hipparque
Sur une page, une sorte de texte “survivant” se détache du reste. Les chercheurs ont publié leurs découvertes dans le Journal for the History of Astronomy, avec un papier explicatif sur le site Science. Selon eux, il pourrait s’agir d’une partie du catalogue d’étoiles de l’astronome grec Hipparque, perdu et recherché depuis longtemps. Ce document est considéré comme la première tentative connue de cartographier le ciel nocturne.
À cette époque, il était assez courant que les érudits réutilisent d’anciens parchemins. Le manuscrit en question est un palimpseste, un support d’écriture sur lequel le texte plus ancien a été gratté par le scribe pour pouvoir être réexploité. Sur une page, les experts ont repéré des nombres impairs, finalement identifiés comme des coordonnées d’étoiles. Ces chiffres indiquent la longueur et la largeur en degrés d’une seule constellation, la Couronne boréale, ainsi que celles d’astres à proximité. On peut notamment lire : “La Couronne boréale, située dans l’hémisphère nord, s’étend en longueur de 9°¼ du premier degré du Scorpion à 10°¼8 dans le même signe zodiacal. En largeur, elle s’étend sur 6°¾ à partir de 49° du nord Pôle à 55°¾.”
Les différents indices semblent concorder
Impossible d’affirmer la provenance de cet écrit avec certitude, malheureusement, mais l’on sait que l’astronome grec Hipparque travaillait sur un catalogue d’étoiles du ciel du monde occidental à cette même période. Hipparque est l’une des premières figures connues chez les spécialistes de l’astronomie. Certains textes le désignent comme “le père de l’astronomie” ou “le plus grand astronome de la Grèce antique”. C’est lui qui aurait découvert la précession ou les calculs de la gymnastique du Soleil et de la Lune.
Et comme une coïncidence, la seule trace “officielle” manuscrite laissée par Hipparque est un commentaire sur le poème, les Phénomènes d’Aratos. Dans ce dernier, de nombreuses coordonnées correspondent à celles du document qui nous intéresse aujourd’hui. De plus, en remontant le temps, les experts ont calculé que les coordonnées des étoiles révélées dans ce manuscrit correspondent peu ou prou à la précession attendue de notre planète durant la vie d’Hipparque.
Et comme si cela ne suffisait pas, la valeur des étoiles des constellations qui y sont cartographiées correspondent aussi à celles de son commentaire. Ces indices laissent donc à penser qu’Hipparque est à l’origine des coordonnées citées dans ces documents. Et la découvert de nouveau texte ajoute un certain poids à cette idée. Pour Mathieu Ossendrijver, historien de l’astronomie à l’Université libre de Berlin, “le nouveau fragment rend cela beaucoup, beaucoup plus clair. Ce catalogue d’étoiles qui planait dans la littérature comme une chose presque hypothétique est devenu très concret.”
Cette découverte permettrait aussi de régler la question de la relation entre Ptolémée et Hipparque, le premier aurait volé les travaux du second. Les observations d’Hipparque, correctes à un degré près, semblent plus précises que celles de son successeur, elles n’auraient donc pas été copiées. Et les systèmes sont différents, Ptolémée se serait basé sur l’écliptique là où Hipparque utilisait l’équateur céleste.
Selon les chercheurs, ce manuscrit pourrait avoir encore beaucoup à révéler, davantage de coordonnées d’étoiles pourraient être déchiffrées. À suivre !