Laïcité : Valls s’insurge contre une enquête du “New York Times”
Le Premier ministre Manuel Valls a réagi lundi à un article du "New York Times" où des Européenes de confession musulmane se disent victimes de discriminations, notamment en France.
L’enquête du New York Times publiée il y a de cela quelques jours et intitulée “Regards ‘changés’ et ‘langues déliées’ : Des musulmanes évoquent l’Europe d’aujourd’hui” ne semble pas avoir convaincu Manuel Valls. Pire, le Premier ministre dénonce l’article pour l’image erronée qu’il donnerait de la France, un pays où la laïcité reste présente même si souvent discutée.
C’est dans une tribune diffusée lundi sur le site du Huffington Post que le chef du gouvernement a fait connaître son sentiment sur cette enquête, laquelle rapporte les témoignages d’Européennes de confession musulmane se disant victimes de discriminations, notamment en France.
Valls sur le NY Times : une image “fausse” de la France
“Je tenais à répondre à l’article ‘Regards changés et langues déliées’, paru dans les colonnes du New York Times le 2 septembre, et qui donne une image insupportable, car fausse, de la France, pays des Lumières et pays des libertés”.
Et de décrire plus loin les raisons de son malaise : “Ce que je conteste avec la plus grande vigueur, c’est que la journaliste donne la parole à des femmes de confession musulmane en prétendant que leur voix serait étouffée, et ce, pour dresser le portrait d’une France qui les oppresserait. Par ailleurs, elle n’explique pas ce que sont les principes républicains : liberté, égalité, fraternité, et la laïcité à la française.”
Des témoignages pas représentatifs ?
Le Premier ministre poursuit en rejetant des visions profondément négatives vis-à-vis des musulmans : “Les témoignages se succèdent, décrivant une France où ‘la lune jaune’ cousue sur les vêtements des musulmans serait la prochaine étape, comme il y eut une étoile jaune pour désigner les juifs sous l’occupation nazie. Une France où les musulmans seraient ‘moins bien considérés que des chiens’. Une France avec un régime d’apartheid forçant les musulmans à quitter leur pays pour faire des études, trouver un emploi, faire carrière.”
Pour Manuel Valls, ces témoignages ne sont pas représentatifs de la communauté féminine musulmane : “Les femmes musulmanes à qui cet article donne la parole expriment un point de vue. Elles sont libres de le faire. Mais l’exigence aurait dû porter la journaliste du New York Times à interroger l’immense majorité des femmes musulmanes qui ne se reconnaissent pas dans une vision ultra-rigoriste de l’Islam.” Avant de signifier de nouveau la notion de laïcité telle que cette dernière est appliquée en France :
“Je sais combien cette singularité française a du mal à être comprise à l’étranger. Je veux donc réexpliquer ce qu’elle est. La laïcité, c’est la liberté pour chacun de croire ou de ne pas croire ; la liberté de pratiquer son culte, à condition de ne pas imposer ses pratiques ou ses croyances à l’autre. La laïcité, ce n’est pas la négation de la religion. Elle fixe simplement une séparation très nette entre ce qui relève du temporel et du spirituel. Que dit-elle, au juste ? Que l’État et ses fonctionnaires sont strictement neutres, qu’il ne reconnaît, ne finance, ni ne privilégie aucun culte.”