La thérapie par messages écrits : une nouvelle ère pour le traitement de la dépression

Image d'illustration. Solitude depressionADN
La prise en charge de la dépression évolue avec l’essor des thérapies par messages écrits. Cette nouvelle approche, où patients et professionnels échangent en temps réel via des plateformes de chat, transforme les modalités de soutien psychologique.
Tl;dr
- La thérapie par texte réduit la dépression légère à modérée.
- Son efficacité rivalise avec la vidéo, selon une étude récente.
- L’accessibilité et la flexibilité séduisent un public croissant.
Une révolution discrète dans l’accompagnement psychologique
Depuis quelques années, les habitudes évoluent : acheter, travailler, aimer… et désormais, soigner sa santé mentale peuvent tous se faire via messages écrits. La popularité de la thérapie par texte s’inscrit dans cette tendance, bouleversant le paysage du soutien psychologique grâce à des plateformes comme BetterHelp ou Talkspace. Ces services permettent d’échanger à distance avec des thérapeutes agréés, non plus en temps réel, mais au rythme du patient — un facteur qui change tout.
L’étude qui change la donne
Une vaste étude publiée dans le JAMA Network Open vient donner un sérieux coup d’accélérateur à cette pratique. Au total, 850 adultes souffrant de dépression légère à modérée ont été répartis en deux groupes : l’un suivait des séances vidéo hebdomadaires, l’autre bénéficiait d’un accès illimité à une thérapie textuelle ou par courriel. Après trois mois d’accompagnement, les deux groupes affichaient des progrès similaires. Le constat de la Dre Patricia A. Areán, co-autrice et ex-professeure à l’University of Washington School of Medicine, résume bien l’étonnement général : « Nous avons été agréablement surpris de voir que les résultats étaient équivalents à ceux de la vidéo. »
L’attrait de l’écrit : flexibilité et accessibilité avant tout
Ce succès s’explique notamment par la souplesse du format. Nombreux sont ceux qui trouvent plus facile de se livrer via des messages écrits plutôt qu’en face-à-face ou en visioconférence. Cela répond aussi aux besoins spécifiques de personnes éloignées géographiquement, au budget limité ou soumises à des horaires compliqués. Pourtant, malgré cet engouement croissant, la plupart des assureurs rechignent encore à prendre en charge cette forme d’accompagnement, invoquant le manque de preuves scientifiques — un argument désormais mis à mal.
Mises en garde et perspectives : pas pour tous les profils
Bien sûr, tout n’est pas si simple. Cette approche ne convient pas aux situations les plus graves : les cas de dépression sévère, pensées suicidaires ou épisodes psychotiques restent exclus du champ étudié. Pour la Dre Jane M. Zhu, spécialiste à l’Oregon Health & Science University, « C’est encourageant mais pas définitif ; il faudra poursuivre les recherches auprès des profils à haut risque. » Un constat partagé chez plusieurs experts qui imaginent intégrer le texte comme première étape — avant une montée en intensité si nécessaire.
Il est important de noter une nuance supplémentaire : le lien humain demeure plus tangible lors des échanges vidéo. Comme le souligne la Dre Areán : « Difficile d’établir une alliance solide quand on ne voit pas la personne… Comment percevoir ses silences ? Sait-on si elle pleure ou sourit ? » Si l’écrit ouvre grand la porte de l’accessibilité, certains aspects émotionnels continuent d’échapper au numérique pur.
Si la thérapie par texte n’a pas fini de faire parler d’elle, elle impose déjà ses lettres dans le champ — longtemps feutré — du soin psychologique.