Peut-on soigner le narcissisme ? Ce que révèle la recherche scientifique

Les chercheurs s’intéressent de près à la possibilité de soigner le narcissisme. Les études récentes examinent les approches thérapeutiques existantes et évaluent leur efficacité pour aider les personnes concernées à modifier certains traits ou comportements liés à ce trouble.

Les multiples visages du narcissisme

L’image du narcissique est familière à beaucoup : celui qui esquive ses torts, retourne les situations à son avantage, parfois jusqu’à vous faire douter de votre propre réalité. Derrière cette façade, deux grands profils se distinguent en psychologie : les narcissiques « grandioses », sûrs de leur supériorité, et les « vulnérables », hypersensibles à la critique. Les deux partagent cependant un même socle de comportements centrés sur eux-mêmes. Lorsque ces traits s’exacerbent, on parle alors de trouble de la personnalité narcissique (TPN), une pathologie complexe dont la gestion s’avère délicate.

Narcissisme et quête du changement

Souvent, l’entourage espère voir évoluer ces personnes. Mais il faut le dire sans détour : la majorité des individus présentant un TPN consultent rarement de leur propre initiative. S’ils franchissent le pas, c’est fréquemment sous l’effet d’une crise extérieure – perte d’emploi, rupture ou sentiment aigu de rejet. En outre, le chemin thérapeutique est semé d’embûches. L’établissement d’une relation de confiance avec le thérapeute se heurte à des résistances : peur d’avouer ses failles, besoin de paraître inébranlable… Résultat : les abandons en cours de thérapie atteignent 63 à 64 % chez les patients narcissiques — bien plus que la moyenne générale.

Thérapies classiques et innovations timides

Face au narcissisme pathologique, plusieurs approches sont testées. Les thérapies cognitivo-comportementales constituent l’option traditionnelle : elles visent à corriger pensées et comportements problématiques. Cependant, nombre de professionnels privilégient désormais des techniques relationnelles introspectives. Il s’agit ici d’accompagner le patient dans l’exploration de ses émotions tout en adoptant une posture compréhensive et non-jugeante — une démarche essentielle face à leur sensibilité exacerbée au sentiment de vulnérabilité.

Certaines pratiques issues du traitement du trouble borderline, telles que la thérapie dialectique comportementale ou la mentalisation, sont adaptées avec plus ou moins de succès :

• La thérapie dialectique cible les émotions extrêmes et l’acceptation de soi.
• La mentalisation aide à relier pensées, croyances et comportements.
• La thérapie des schémas remet en cause des croyances négatives ancrées.

Toutefois, leur efficacité pour le TPN demeure limitée selon les études actuelles.

Pistes alternatives : vers une révolution psychothérapeutique ?

Dernièrement, certains chercheurs avancent des pistes inédites : intégrer l’usage encadré de substances telles que la MDMA. Selon une suggestion récente d’Alexa Albert et Anthony Back, ce psychotrope pourrait temporairement favoriser l’ouverture émotionnelle chez des patients habituellement défensifs. Si la MDMA a démontré un certain bénéfice en psychothérapie pour le syndrome post-traumatique, son usage dans le TPN reste purement hypothétique – faute d’essais cliniques achevés et en raison d’obstacles légaux considérables.

Si modifier profondément un comportement narcissique demeure possible, mais ardu, aucun remède miracle n’existe encore. La clé réside aujourd’hui dans une alliance thérapeutique patiente et ajustée aux spécificités singulières du trouble.