La raison pour laquelle Alzheimer efface les souvenirs de nos proches enfin élucidée ?

Image d'illustration. Gros plan de modèles de cerveau colorés démontrant la santé cognitiveADN
Des avancées scientifiques récentes permettent de mieux comprendre le mécanisme par lequel la maladie d’Alzheimer affecte spécifiquement les souvenirs liés à nos proches, ouvrant la voie à de nouvelles pistes pour expliquer cette perte si douloureuse.
Tl;dr
- Perte de mémoire sociale liée à des structures neuronales.
- Inhibiteurs MMP préservent la mémoire chez la souris Alzheimer.
- Des essais humains restent nécessaires avant tout traitement.
L’espoir d’un nouveau mécanisme ciblé contre Alzheimer
Le fardeau que représente la maladie d’Alzheimer pour les patients et leurs proches ne cesse de s’alourdir au fil du temps. Parmi les symptômes les plus déchirants, la perte progressive de la mémoire sociale — cette faculté qui permet de reconnaître amis et famille — laisse souvent l’entourage démuni. En toile de fond, l’avancée inexorable de la maladie multiplie les troubles : désorientation, sautes d’humeur, difficultés de concentration… Autant de signes qui s’ajoutent au déclin initial de la mémoire à court terme.
Un filet protecteur autour des neurones menacé
Des chercheurs des universités d’University of Virginia School of Medicine et de Virginia Tech ont exploré une piste originale pour expliquer ce phénomène : les filets périneuronaux. Ces structures en forme de maillage enveloppent certains neurones et participent à leur protection et à la stabilisation des connexions synaptiques. En temps normal, elles favorisent la plasticité cérébrale et préviennent le stress oxydatif. Or, les travaux menés sur des souris montrent qu’en cas de détérioration de ces filets dans une région précise de l’hippocampe — le secteur CA2 — les animaux perdent leur capacité à se souvenir d’autres individus, tout en maintenant leur mémoire relative aux objets.
Mieux comprendre pour mieux protéger
À l’appui de ces observations, l’équipe s’est interrogée : serait-il possible d’enrayer ou de ralentir cette dégradation ? Pour tenter d’y répondre, elle a administré à des souris atteintes d’Alzheimer des inhibiteurs spécifiques — ceux ciblant les MMP (métalloprotéinases matricielles), enzymes connues pour dissoudre certaines protéines du maillage périneuronal. Les résultats sont encourageants : les animaux traités conservent davantage leurs filets protecteurs et manifestent une meilleure préservation de leur mémoire sociale.
Parmi les points saillants retenus par les scientifiques :
- MMP inhibitors ralentissent la perte des filets périneuronaux.
- Les souris gardent mieux en mémoire leurs congénères grâce à ce traitement.
La chercheuse principale, Lata Chaunsali, salue une avancée « qui nous rapproche d’une voie thérapeutique non conventionnelle contre cette maladie si répandue ». Elle souligne néanmoins la nécessité d’étendre ces recherches afin d’évaluer sécurité et efficacité chez l’humain.
L’avenir reste ouvert malgré l’urgence croissante
Alors que près de 55 millions de personnes vivent actuellement avec une démence dans le monde — dont plus des deux tiers souffrent d’Alzheimer — toute nouvelle piste soulève un espoir prudent. Les scientifiques restent mesurés : si ces découvertes valident un mécanisme central chez la souris, leur transposition à l’homme nécessite encore beaucoup d’investigations avant tout espoir concret en clinique. Mais un cap vient peut-être d’être franchi vers une approche plus ciblée, capable – enfin – de préserver nos souvenirs partagés.