La police municipale pourrait-elle bientôt s’armer de nouveaux pouvoirs ?
L'initiative du Beauvau des polices municipales vient d'être activée, avec une possibilité d'extension des prérogatives des policiers municipaux. Quelles pourraient être les implications de cette extension de pouvoir ?
Tl;dr
- Le Beauvau des polices municipales souhaite étendre les pouvoirs des policiers municipaux.
- Le ministre Nicolas Daragon souhaite renforcer les prérogatives de la police municipale.
- Les policiers municipaux pourraient obtenir le droit de consulter des fichiers, d’effectuer des contrôles d’identité, et d’infliger des amendes.
Le Beauvau des polices municipales : vers une extension des pouvoirs
Le Beauvau des polices municipales, processus initié par le précédent gouvernement, a repris le 21 novembre 2024. Ce dernier est envisagé comme un outil pour façonner la future loi-cadre que le ministre délégué chargé de la Sécurité du quotidien, Nicolas Daragon, espère voir adopter. Son objectif ? Renforcer les prérogatives de la police municipale.
La police municipale : une force de sécurité « bridée »
La police municipale est aujourd’hui considérée comme la troisième force de sécurité du pays. Cependant, elle est limitée dans sa capacité d’intervention. Placée sous l’autorité du maire, elle n’a pas le pouvoir d’enquêter, de contrôler l’identité ou de fouiller des personnes ou des véhicules.
Ces pouvoirs sont réservés aux policiers nationaux. La loi de 1999, qui a établi le cadre légal de la profession, n’a pas modifié ces prérogatives.
Des tentatives de renforcement déjà censurées
Il y a eu des tentatives pour renforcer les pouvoirs des policiers municipaux, comme la loi de 2011 ou la proposition de loi « sécurité globale » en 2020.
Cependant, ces tentatives ont été invalidées par le Conseil constitutionnel, qui a jugé qu’elles contrevenaient au principe de placement de la police judiciaire sous le contrôle de l’autorité judiciaire.
Trois nouvelles mesures envisagées
Nicolas Daragon a proposé trois mesures phares pour les polices municipales : le droit de consulter des fichiers, d’effectuer des contrôles d’identité, et la possibilité d’infliger des amendes forfaitaires délictuelles pour le délit de détention de stupéfiants. Cependant, ces mesures pourraient engendrer des effets socio-économiques négatifs et un sentiment d’arbitraire policier.
Il est à noter que la Défenseure des droits a préconisé l’abandon de ce dispositif, arguant des problèmes en matière d’accès aux juges par les personnes sanctionnées et de respect des droits de la défense.
Une chose est sûre : si ces mesures étaient adoptées, elles renforceraient indéniablement le pouvoir des policiers municipaux. Mais elles soulèvent également des questions sur le rôle des polices municipales et présentent des risques de dégradation des rapports de ces agents à la population.