Affaire Grégory : la stylométrie, nouvel atout scientifique pour relancer l’enquête sur les écrits

La stylométrie, méthode scientifique d’analyse de l’écriture, vient d’être utilisée dans l’enquête sur le meurtre du petit Grégory. Cette technique innovante pourrait offrir de nouveaux indices pour tenter d’élucider ce mystère vieux de près de quarante ans.

Un nouvel éclairage sur l’énigme Grégory

L’affaire du meurtre de Grégory Villemin demeure, près de quarante ans après les faits, une blessure profonde dans la mémoire collective française. Pourtant, un rebondissement inattendu vient bousculer le cours de l’enquête : la justice convoque à nouveau Jacqueline Jacob, grand-tante de la victime, pour une audition cruciale prévue le 24 octobre 2025.

Cette fois, elle pourrait faire l’objet d’une mise en examen pour « association de malfaiteurs », un élément qui rappelle combien cette énigme reste vive et impénétrable.

L’ombre du « corbeau » et la science des mots

Le dossier s’est épaissi autour d’une suspicion précise : Jacqueline Jacob est soupçonnée d’être le mystérieux « corbeau » ayant revendiqué le crime par lettres anonymes. Trois courriers datés de 1983 lui seraient attribués grâce à l’intervention de deux disciplines méconnues du grand public : la graphologie et surtout, plus récemment, la stylométrie.

Cette dernière technique, sollicitée via la société suisse OrphAnalytics, s’appuie non sur la forme des lettres mais sur l’analyse statistique des mots employés et leur organisation syntaxique. Son objectif ? Démêler les signatures invisibles que chaque auteur laisse dans ses textes.

Stylométrie : entre prouesses techniques et zones d’ombre

L’usage de la stylométrie suscite autant d’intérêt que de scepticisme. Développée en Suisse en raison du manque d’experts français, cette méthode a permis d’identifier ou du moins de suspecter l’identité derrière divers auteurs anonymes — qu’il s’agisse d’attribuer certaines œuvres à Domenico Starnone, ou encore d’élucider le pseudonyme derrière J.K. Rowling. Mais dans le contexte judiciaire hexagonal, son statut demeure ambigu : si elle aide à affiner les pistes dans des enquêtes complexes comme celle du petit Grégory, elle ne saurait constituer une preuve irréfutable.

À ce propos, deux chercheurs soulignent que l’efficacité de la stylométrie dépend largement du volume et de la richesse des textes étudiés : cinq lettres brèves peinent à fournir un socle solide pour une conclusion définitive.

Pistes ouvertes mais prudence judiciaire

Ainsi, l’analyse graphologique examine les formes ; la stylométrie scrute syntaxe et vocabulaire.

Alors que la police scientifique suisse intègre couramment ces méthodes innovantes, en France, leur place au sein des procédures pénales reste sujette à caution. Le procès-verbal n’est pas encore prêt à céder toute sa confiance à ces algorithmes ; seule l’enquête dira si ce nouvel éclairage permettra enfin de dissiper les ombres autour du destin tragique de Grégory Villemin.