Klebsiella pneumoniae, une bactérie qui se propage dans les hôpitaux européens
Multirésistante, elle représente une menace particulière dans les hôpitaux et maisons de retraite. En l'espace de huit ans, le nombre de décès imputés à cet agent pathogène a été multiplié par six.
D’après l’OMS, Klebsiella pneumoniae figure dans la liste des douze “agents pathogènes prioritaires” antibiorésistants. Cette bactérie fait l’objet d’un nouvel article dans la revue Nature Microbiology, et d’après ses auteurs elle serait en train de se propager dans les hôpitaux d’Europe.
341 morts en 2007, 2094 en 2015
Cette enquête parue fin juillet s’est basée sur l’analyse de 1.700 génomes de Klebsiella pneumoniae parmi des patients de 244 hôpitaux de 32 pays européens. Ainsi, il s’avère qu’elle est responsable d’un nombre accru d’infections nosocomiales dans les hôpitaux continentaux.
Si cette bactérie est présente de manière inoffensive dans les intestins, elle est susceptible de causer des infections sévères, fréquemment mortelles, telles que des infections sanguines et des pneumonies, lorsqu’elle passe la barrière du sang ou des voies respiratoires.
L’inquiétude des chercheurs
Pour le docteur Sophia David, du Centre de surveillance des agents pathogènes génomiques de Cambridge au Royaume-Uni, il y a de quoi s’alarmer : “Nos résultats impliquent que les hôpitaux sont le principal facilitateur de la transmission et suggèrent que les bactéries se propagent d’une personne à l’autre principalement dans les hôpitaux”.
France Inter a recueilli les propos du Professeur Jean-Christophe Lucet, responsable de la prévention des infections à l’hôpital Bichât à Paris. Il explique la vigilance appliquée en France à l’égard de cet agent pathogène : “Chaque fois qu’un patient est rapatrié dans nos hôpitaux après avoir été hospitalisé quelques jours dans un pays du sud, que ce soit le continent indien, l’Asie du Sud-Est, l’Afrique du Nord ou l’Afrique subsaharienne, il y a une politique de dépistage, c’est à dire que le patient est placé en isolement, dès son arrivée, pour rechercher au niveau digestif si ces bactéries sont présentes”.