Ikea : un système d’espionnage “à grande échelle”, selon le parquet de Versailles
La justice a confirmé que la direction française a instauré "un système (…) à grande échelle" en vue de se renseigner sur des candidats à l’embauche et sur certains employés.
Le 2 janvier dernier, dans un document que Le Monde a pu se procurer, le parquet de Versailles confirmait que Ikea France avait bien mis en place un système d’espionnage “à grande échelle quasi industrielle”.
Son but était de collecter des renseignements sur des candidats à l’embauche et sur certains autres salariés déjà en place, notamment via la consultation illégale de fichiers de la police.
Un possible renvoi en correctionnelle
Dans ce dossier, 15 personnes physiques (en plus d’Ikea) dont 5 policiers ou ex-policiers pourraient être renvoyées devant une juridiction pénale, indique le quotidien, sur la base de “charges suffisantes”. Parmi elles, deux anciens dirigeants de l’enseigne, Jean-Louis Baillot (de 1996 à 2009) et son successeur, Stefan Vanoverbeke (départ en 2015).
Si le premier aurait imposé des contrôles systématiques en matière de recrutements à chaque ouverture de magasin afin de s’assurer que ses futurs employés n’avaient pas d’antécédents judiciaires, M. Vanoverbeke aurait quant à lui gardé le silence sur ces pratiques.
Les arguments des deux anciens dirigeants
Pour sa défense, Jean-Luc Baillot invoque avoir voulu esquiver des “erreurs”. Il cite le cas du magasin de Franconville (Val d’Oise) où “les gens d’une même cité s’étaient échangés les questionnaires et avaient été recrutés tous ensemble”. Pour autant, il rejette le fait d’avoir voulu mettre en place des “recherches systématiques d’antécédents”.
Quant à Stefan Vanoverbeke, à l’occasion de son audition : “Si je l’avais su, je les aurais stoppés. C’est contre mes valeurs et mes convictions”. Certes, c’est l’ancien responsable de la sécurité qui a évoqué ce sytème “à échelle industrielle”. Mais selon ce dernier, les deux anciens dirigeants “n’étaient effectivement pas au courant des méthodes ‘illicites’ employées”, rapporte Marianne.
Désormais, il appartient à la juge de faire connaître sa décision quant à un renvoi potentiel devant le tribunal.