En Haïti, 207.000 enfants esclaves
Une étude menée par plusieurs organisations haïtiennes ou internationales affirme que dans le pays, plus de 200.000 enfants sont réduits au statut d'esclaves.
Parmi les enfants de moins de 15 ans vivant en Haïti, 207.000 sont exploités. C’est le terrible constat d’une vingtaine d’associations y travaillant, qu’elles soient nationales ou du reste du monde. Ariel Henry, en charge des Affaires sociales et du travail dans ce pays, l’un des plus pauvres du globe, et qui a demandé que cette enquête soit menée, résume : « Ce chiffre est insupportable. C’est une problématique complexe qui fait appel à des habitudes culturelles et changer les mentalités ne se fait pas à coup de décret ».
Haïti : des conditions de travail indignes pour les « restaveks »
Ces enfants, on les surnomme du mot créole de « restaveks ». Ils vivent sous la « loi » d’une coutume toujours vivace dans l’île : les parents pauvres laissent le soin à la famille proche d’élever leurs enfants, leur souhaitant un avenir moins douloureux. Et cela concerne 25% des enfants.
Dans le rapport, l’on peut lire que « Si beaucoup de jeunes bénéficient réellement d’un meilleur environnement de vie, trop se retrouvent abusés, devenus domestiques du foyer d’accueil dans des conditions analogues à l’esclavage« . Ces derniers peuvent alors travailler plus de 14 heures par semaine, et bien souvent de nuit.
Bien souvent, le travail plutôt que l’école
En Haïti, les lois en vigueur précisent bien qu’à partir de 15 ans, l’accès au travail est possible. Mais les tâches auxquelles ils sont soumis s’accompagnent aussi de souffrances psychologiques. Inah Kaloga, responsable de la protection de l’enfance à l’Unicef, ne cache pas son inquiétude à l’AFP : « Les violations des droits de l’enfant arrivent avant même que l’enfant ne commence à travailler. La séparation est un premier choc qui est suivi d’un deuxième qui est la différence de traitement avec les enfants de la famille d’accueil. Et la situation peut se détériorer avec des brimades et des châtiments corporels ».
Dès lors, que faire ? Pour l’Institut haïtien du bien-être social et de recherches, des condamnations doivent être appliquées : « Ces enfants sont exploités par des citoyens haïtiens qui ont l’impression d’aider. Nous devons tous nous révolter car c’est une perte non seulement pour l’enfant mais pour la société toute entière ».