Grossophobie : un livre pour dénoncer la discrimination d’une partie de la société
Gabrielle Deydier, une femme ayant souffert du regard posé sur ses formes depuis son enfance, signe "On ne nait pas grosse", un ouvrage dans lequel elle dénonce notamment la discrimination d'une partie de la société envers les personnes en surpoids ou obèses.
Comme elle le dit elle-même, “ce livre est une forme de thérapie” l’ayant empêchée de tomber dans une “énième dépression”. Gabrielle Deidier est une femme de 38 ans qui, depuis le 15 juin dernier dans les librairies aux éditions Goutte d’or, dénonce avec On ne nait pas grosse ce que l’on appelle la grossophobie. En d’autres termes, une discrimination envers les personnes en surpoids ou obèses.
Auprès de nos confrères de L’Express, Gabrielle livre plusieurs exemples de grossophobie, dot certains se veulent possiblement plus interpellants que d’autres : “Au-delà des moqueries, la grossophobie est le fait de discriminer une personne parce qu’elle est grosse. Cela peut aller des insultes dans la rue au fait de ne mettre que des chaises avec accoudoirs aux terrasses des cafés en passant par les discriminations à l’embauche ou encore les médecins qui te culpabilisent de ton poids.”
Gabrielle Deydier : la grossophobie vécue avec des médecins
Cette trentenaire dit ainsi avoir personnellement vécu de telles situations avec des praticiens : “Certains médecins te disent que tu vas éclater les fauteuils, qu’ils ne peuvent pas te prendre la tension car ils n’ont pas de tensiomètre assez gros, que te faire une échographie, c’est gaspiller l’argent de la sécurité sociale, qu’aller chez le gynécologue ne sert à rien vu tout notre gras, ou encore ne pas avoir de blouse à sa taille à l’hôpital, une situation particulièrement humiliante.”
Le regard déjà décisif des parents
Ce ne sont pourtant pas ces paroles-là qui l’on décidée à prendre la plume : “Ce job d’assistante de vie scolaire et cette phrase [NDLR : la professeure lui a dit ne pas vouloir de ‘grosse’ et l’a considérée à voix haute devant ses six élèves comme ‘la 7e handicapée de la classe’] ont été la goutte d’eau. Je me suis mise en arrêt, je n’allais pas bien, j’étais en colère. J’ai commencé à penser qu’il fallait que je raconte ce que je vivais. Celle qui allait devenir mon éditrice m’a parlé de ses copines. Elles ne sont pas grosses, mais toutes sont complexées par leur corps. Elles pensent être grosses ou pas la hauteur. C’est à cet instant que je me suis dit qu’il y avait vraiment un problème dans notre société. Alors j’ai décidé d’écrire.”
Le poids du regard parental s’est par ailleurs aussi révélé particulièrement lourd pour Gabrielle, qui suppose au passage que sa mère puisse être anorexique au regard de sa facilité à se passer de repas copieux, ou même de repas tout court : “En réalité, j’étais grosse mentalement avant de l’être physiquement. Quand j’étais petite, mes parents me disaient souvent que j’étais potelée. Au cours de l’écriture de ce livre, j’ai montré des photographies de moi quand j’avais 8 ou 9 ans à ma mère. L’époque où elle me disait déjà que j’étais grosse. Sur les clichés, tu vois bien que je ne l’étais pas du tout. J’étais simplement victime du regard que mes parents portaient sur eux-mêmes.”