Gaspillage : dans le monde, 14% des aliments disparaissent entre la récolte et la vente au détail
L'agence mondiale pour l'alimentation des Nations Unies demande des mesures pour enrayer ce phénomène, tout comme rendre l'agriculture et l'industrie agroalimentaire plus durables.
400 milliards de dollars de produits agricoles, ou près de 14% des aliments disparaissent entre la ferme et la vente au détail révèle la FAO (Agence pour l’alimentation des Nations Unies). Ou plus précisément, 13,8% de la valeur ajoutée de la production à l’échelle mondiale. Ce chiffre assez effarant provient d’un rapport publié lundi. Carola Fabi, statisticienne principale au siège de l’organisme basé à Rome, résume encore : “Nous avons fait une estimation de la valeur. (…) Cela signifie qu’il y a des produits agricoles pour 400 milliards de dollars qui n’arrivent pas au stade de la consommation”.
Des disparités selon les régions du monde
Elle explique encore à l’AFP : “On a pu constater que ces pertes sont plus importantes au niveau des producteurs, là où ont lieu la récolte et l’abattage. Par exemple, il y a un énorme problème au niveau du stockage sur les fermes”. En l’espèce, il est question d’excédents stockés dans la ferme, dans des silos en bois soumis aux aléas climatiques, et les aliments sont ainsi exposés aux micro-organismes, aux insectes, aux rongeurs. D’où des pertes importantes, notamment dans les pays sub-sahariens.
En revanche, des procédés de très basse technologie, comme le remplacement de ces silos de bois par des tonneaux métalliques, ou des sacs traités avec des insecticides “réduisent les pertes de manière très, très sensible”. Cependant, déplore la spécialiste, “Parfois, les agriculteurs n’ont pas les moyens d’accéder à ces techniques. C’est là où il faut une intervention publique d’aide à l’investissement”.
Un taux de perte qui varie selon les différentes régions du globe. Ainsi, il est de 5,8% en Australie-Nouvelle-Zélande, et jusqu’à 20,7% en Asie centrale-Asie du Sud. En ce qui concerne les familles d’aliments, fruits et légumes sont touchés à 22%, contre 9% pour les céréales et légumes secs, moins fragiles.
Les transports également en cause
Ce rapport pointe également les pertes liées au transport entre lieu de production, commerce de gros et de détail en bout de chaîne. Un phénomène touchant tout particulièrement les denrées très périssables. Carola Fabi précise que les mesures visant à la réduction de ces pertes “ont un coût économique (infrastructures, équipement) ou environnemental, si c’est une plus grande consommation d’énergie pour la réfrigération ou le transport”. Selon elle, il faut un outil fiable de calcul coûts/bénéfices visant à s’assurer que le “surcoût pour mieux protéger les aliments compense bien la perte”.