“Fritz Bauer, un héros allemand” : “un personnage très inspirant”
À l'occasion de la sortie au cinéma de "Fritz Bauer, un héros allemand", son réalisateur Lars Kraume se confie sur la manière dont le film a été conçu et ce qu'il a voulu y exprimer.
Déjà nommé par deux festivals, Fritz Bauer, un héros allemand arrive en ce mercredi 13 avril 2016 dans les salles obscures. L’histoire du juge allemand Fritz Bauer qui, en 1957, apprend que le haut fonctionnaire du Troisième Reich Adolf Eichmann a trouvé refuge à Buenos Aires.
Et de solliciter les services secrets israéliens pour mettre la main sur cet homme, les tribunaux de son pays ne souhaitant ainsi pas raviver les souvenirs douloureux de la Seconde Guerre mondiale en traquant l’officier SS. Dans Fritz Bauer, un héros allemand, Burghart Klaußner incarne le juge, et Lars Kraume a dirigé le tout.
Lars Kraume : Fritz Bauer “a osé s’élever”
Nos confrères d’AlloCiné se sont entretenus avec le réalisateur à l’occasion de la sortie au cinéma de son drame de 106 minutes. Pour Lars Kraume, le personnage central de son œuvre a un mérite certain dans sa démarche : “Les pouvoirs qui se dressaient contre Fritz Bauer étaient tellement immenses… Il était socialiste et gay, rien de tout cela n’était finalement accepté à cette époque.
Et pourtant il a osé s’élever, malgré les nombreuses menaces de mort, et s’adresser à tout le monde en disant : ‘Regardons qui est coupable de quoi !’ C’est fascinant. Fritz Bauer est un personnage très inspirant.”
Homosexualité : “il était ridicule de ne pas l’aborder”
Le réalisateur avoue ne pas s’expliquer au passage comment le recours aux croix gammées est possible au cinéma, même si l’affiche allemande de son film en est dénuée au contraire de celle réservée à la France. Quant à la question de savoir s’il fallait oui ou non aborder le sujet de l’homosexualité supposée de Fritz Bauer, M. Kraume raconte son déclic : “Quand nous travaillions sur le scénario, nous savions qu’il y avait ces rumeurs sur son homosexualité. Mais dans tous les documents consultés à son sujet, c’était toujours évité ou flou. De son vivant il n’a pas fait son coming out, parce que c’était interdit. Nous avons eu un discussion avec Olivier sur le fait d’aborder cet aspect-là ou non.
Puis une très importante exposition a été organisée par le musée juif de Francfort sur la vie et l’œuvre de Bauer. Une petite section était justement consacrée à son homosexualité. Nous nous sommes rendus compte à ce moment-là qu’il était ridicule de ne pas l’aborder. Nous avons donc approfondi nos recherches par la même occasion sur cet article de loi punissant l’homosexualité.”