Expulsés de France, des demandeurs d’asile torturés de retour au Soudan
Une enquête révèle comment des policiers du régime soudanais sont présents dans les centres de rétention pour demandeurs d’asile afin d’identifier les opposants politiques et les dénoncer une fois expulsés.
Si l’affaire semble pour l’instant passée sous silence en France, elle risque très vite de faire beaucoup de bruit. Une grande enquête menée par les journalistes du New York Times dévoile en effet que des demandeurs d’asile soudanais qui une fois renvoyés dans leur pays par la France ont subit des actes de torture au Soudan.
Certains d’entre eux ont réussi à témoigner et mettent en case certains officiels Français.
Électrocutés et battus
Si l’information a été révélée par la presse américaine ce 22 avril, elle a été reprise chez nous par le JDD. Quatre demandeurs d’asile soudanais ont réussi à se confier auprès du New York Times sur le calvaire qu’ils ont vécu une fois de retour au Soudan.
L’un d’entre eux précise avoir été arrêté dès son retour avant d’être torturé pendant 10 jours. Entre électrocution et coups de barre de fer, ce dissident politique du Darfour expulsé par la France fin 2017 affirme que les autorités françaises savaient ce qui l’attendait.
Des policiers soudanais dans les centres de rétention
Selon les informations recueillies par nos confrères, cet ancien demandeur d’asile affirme que des officiers de police soudanais sont admis dans les centres de rétention pour identifier les opposants politiques et transmettre les informations aux autorités soudanaises lorsque ces derniers sont expulsés.
Officiellement, cette situation est tolérée par les autorités pour obtenir des informations sur les demandeurs d’asile, mais en réalité, la plupart des rencontres se déroulent sans interprète. Le témoin du New York Times précise qu’il a alerté les autorités françaises à plusieurs reprises sur le sort qui lui serait réservé s’il était renvoyé au Soudan, sans succès.
La France, mais également l’Italie et la Belgique sont visées par ces accusations. Chez nos voisins belges l’affaire a fait grand bruit et le Premier ministre Charles Michel avait finalement reconnu devant une commission d’enquête parlementaire que les polices de plusieurs pays européens collaboraient étroitement avec la dictature d’Omar el-Béchir. Ce même dictateur à la tête du Soudan depuis 28 ans est visé par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale pour génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre depuis 2008.