Européennes 2014 : l’abstention, premier parti de France
Le FN, premier parti de France ? S'il remporte une victoire historique, il faut aussi l'évaluer à l'aune de l'abstention à ces Européennes.
Hier soir, un seul visage politique français exprimait le contentement, celui de Marine Le Pen. Il faut dire qu’avec 25% des voix, le FN est le parti français qui enverra le plus de députés à Bruxelles et Strasbourg, de 23 à 25. Soit un tiers des 74 eurodéputés hexagonaux. Le parti europhobe est arrivé en tête dans 5 des 8 circonscriptions, laissant les traditionnels partis de gouvernement (PS et UMP) parfois dans des scores historiquement faibles.
L’UMP (20%), empêtrée dans les affaires, et le PS (14%), incapable de rassurer et convaincre, ont laissé la porte ouverte à un FN qui ne s’est pas privé de s’y engouffrer. Le parti frontiste réussit son implantation locale, et chez bon nombre de jeunes et de membres de la classe ouvrière.
Européennes 2014 : le FN premier parti de France ?
Les observateurs et instituts de sondage attendaient une abstention record de l’ordre de 61%. Mais il n’en fut rien, celle-ci passant même de 59.37% en 2009 à 56.85% hier. Certes, le FN va envoyer un tiers des eurodéputés au Parlement européen. Mais cette victoire historique est-elle due à son propre programme, ou plutôt au délabrement des partis traditionnels de gouvernement ?
De même, le parti de Marine Le Pen s’auto-proclame premier parti de France. Cependant, il faut rapporter la victoire d’hier à la totalité du corps électoral français. Ainsi, le FN a gagné 10,75% de la totalité des Français inscrits sur les listes. Ce qui reste au-dessus de l’UMP (8,6%) et du PS (6%), mais il faut raison garder.
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Parlement européen : quelle marge de manoeuvre pour les députés FN ?
Lors du dernier mandat, le FN ne disposait que de 3 eurodéputés. Tout l’enjeu pour le parti frontiste va désormais consister à tenter de former un groupe parlementaire qui permettra aux extrêmes-droites de tout poil de peser dans les débats. Mais certains des alliés de pensée européens du FN n’ont pas connu le succès escompté. Ainsi, le Parti pour la liberté du néerlandais Geert Wilders a essuyé une cuisante défaite, et le Vlaams Belangest en recul.
Le renfort pourrait venir de l’Autriche, où le FPÖ a terminé troisième du scrutin européen avec 20% des suffrages. Au Danemark, l’extrême-droite est arrivée en tête, mais s’est désolidarisée du parti de Marine Le Pen. Morten Messerschmidt, tête de liste du Dansk Folkepartis, a déclarer regretter “des partis comme le Front national et Aube dorée gagnent du terrain. Mais ils le font parce que les partis établis trahissent les Européens. Il n’y a pas d’autre solution si l’on veut donner une autre direction à l’Europe”.