Etude universitaire : Les demandeurs d’asile représentent une opportunité économique
Trois chercheurs français démontrent que "le critère économique ne peut pas peser dans la décision d’accueillir ou non des réfugiés".
Mercredi, une étude menée par trois chercheurs du CNRS, de l’université de Clermont-Auvergne et de Paris-Nanterre a paru, analysant les conséquences des chocs migratoires sur l’économie de 15 pays d’Europe de l’Ouest.
30 années de données analysées
Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Finlande, France, Irlande, Islande, Italie, Norvège, Pays-Bas, Portugal, Royaume-Uni et Suède sont les pays concernés entre 1985 et 2015.
Ce n’est pas la première qu’une étude est réalisée pour mesure cet impact. Mais il est inédit que les liens économiques de l’immigration avec l’évolution du PIB par habitant par exemple, ou avec les retombées générées dans le domaine de l’emploi, soient étudiés.
Demandeurs d’asile et migrants permanents
Les chercheurs ont distingué les migrants permanents des demandeurs d’asile, en situation légale le temps de l’analyse de leur demande et considérés comme résidents une fois celle-ci acceptée.
Ce qu’ils relèvent, c’est que dans le cas d’une augmentation du flux de migrants permanents à une date donnée, des effets positifs se ressentent encore 4 ans plus tard. Lesquels ? Citons la hausse du PIB par habitant, des dépenses publiques supplémentaires qui sont plus que contrebalancées par une hausse des recettes fiscales.
En ce qui concerne les demandeurs d’asile, aucun effet négatif n’est observé. Les conséquences positives se font sentir au bout de 3 à 5 ans, quand une partie de cette population obtient l’asile, devenant ainsi des migrants permanents.
Quid du taux de chômage ?
En ce qui concerne le chômage, l’arrivée de migrants permanents a pour conséquence une baisse de 0.12% la première année, et de – 0.03% au bout de cinq ans. Aucune augmentation du chômage n’est donc constatée.
Hippolyte d’Albis, directeur de recherche au CNRS, professeur à l’École d’économie de Paris et co-auteur de l’étude a résumé jeudi à franceinfo : « Trente ans d’accueil de demandeurs d’asile dans les quinze principaux pays d’Europe nous révèlent qu’il n’y a pas eu d’effets négatifs. Evidemment il y a un coût, ces personnes vont être logées, parfois recevoir une allocation, mais cet argent va être redistribué dans l’économie. Il ne faut pas voir qu’un côté, nous on a vu le côté des impôts et on a vu que ça se compensait. L’entrée sur le marché du travail, donc la contribution à l’économie va prendre du temps et ce n’est pas efficace. Il vaut mieux investir pour qu’il puisse rapidement intégrer le marché du travail ».