Dragnet : une icône télévisuelle revisitée

Image d'illustration. DragnetUniversal Pictures / PR-ADN
Le contraste entre la rigidité de la série et l’humour du long-métrage crée un objet culte inattendu.
Tl;dr
- Dragnet a débuté comme une série réaliste et procédurière sur le quotidien des policiers, incarnée par Jack Webb en Sergent Joe Friday.
- Les saisons tardives montrent un décalage générationnel, avec des policiers dépassés par les nouvelles problématiques sociales, préparant le terrain à la satire.
- Dans les années 1980, la série devient un objet de parodie au cinéma, notamment avec le film de Dan Aykroyd et Alan Zweibel, mélangeant hommage et humour kitsch.
Un héritage télévisuel sous surveillance
À l’origine, Dragnet se voulait un miroir du quotidien des policiers, explorant sans fard la routine et la rigueur du métier. Créée par Jack Webb, l’émission naît à la radio sur NBC avant de s’imposer en version télévisée, incarnant une vision très procédurière du maintien de l’ordre. De 1949 à 1958, puis lors d’une résurrection en 1967, Jack Webb s’investit pleinement dans le rôle de l’inflexible Sergent Joe Friday. Si cette figure de proue rassure certains parents inquiets face aux bouleversements sociaux des années soixante, son insistance à suivre « juste les faits » finit par virer à la caricature.
Retour et décalage générationnel
Les dernières saisons de Dragnet résonnent comme une tentative d’ancrer l’émission dans son époque tout en refusant de céder au changement. Le tandem Jack Webb et Harry Morgan campe des policiers dépassés par les problématiques modernes, comme l’illustre notamment un épisode phare sur le LSD. La tonalité guindée et la narration quasi administrative confinent parfois à l’absurde, préparant involontairement le terrain pour sa récupération satirique.
De la satire télévisuelle au cinéma pop des années 1980
Au fil du temps, le sérieux compassé de Dragnet devient une source intarissable de moqueries. Dès les années 1980, la série s’impose comme référence culturelle kitsch — suffisamment pour inspirer un film pastiche signé Dan Aykroyd et Alan Zweibel. Sur grand écran en 1987, c’est pourtant bien Dan Aykroyd qui vole la vedette grâce à son imitation bluffante du célèbre sergent. Face à lui, Tom Hanks, en détective exubérant et moderne, dynamise leurs échanges.
Parmi les éléments qui marquent encore aujourd’hui :
- Dabney Coleman, irrésistible en roi du porno décalé ;
- Christopher Plummer, glaçant en ministre manipulateur ;
- L’inattendue romance finale entre Friday et Connie Swail.
Un bilan contrasté pour une adaptation culte
Malgré un lancement tonitruant (avec notamment le clip « City of Crime », clin d’œil aux modes musicales de l’époque), le long-métrage ne tient pas totalement ses promesses. Le scénario glisse progressivement vers la comédie d’action classique façon Beverly Hills Cop, diluant au passage sa verve parodique initiale. On regrette alors que les créateurs n’aient pas poussé plus loin l’ironie envers le schéma ultra-rigide de leur matériau d’origine.
Reste que ce Dragnet version ciné aura prouvé qu’une icône rigide pouvait aussi devenir source d’un humour… involontairement savoureux.