Des températures « assez normales pour un été » : Fesneau irrite les experts
Le ministre de l'Agriculture s'est attiré les foudres de nombreux experts du climat.
Samedi matin, Marc Fesneau était interrogé sur France Inter sur la sécheresse et le faible niveau des nappes phréatiques. Évoquant « une situation qui s’est stabilisée », il a ajouté : « Dans notre malheur, il a plu au printemps, il y a même eu plus 10 % de précipitation sur l’ensemble du territoire hexagonal ».
Indiquant encore qu’il n’a pas été nécessaire de prélever les nappes pour un usage agricole, c’est alors qu’il a dit :
Et puis naturellement, on a tous ça sous les yeux, on n’a pas eu des températures extrêmes. On a des températures qui sont assez normales pour un été au fond.
« Juin, 2,6°C au-dessus des normales »
Valérie Masson-Delmotte, climatologue de renom et membre du Giec, n’a pas attendu pour répondre via Twitter que « le mois de juin a été 2,6°C au-dessus des normales, le deuxième mois de juin le + chaud après 2003 », se basant sur les données de Météo France.
Ce à quoi le ministre répondait, toujours via Twitter :
Je suis absolument d’accord avec ce que vous indiquez et j’ai parfaitement conscience du réchauffement et du danger mortel pour le devenir de l’humanité.
Quand « vont-ils comprendre ? »
Et le ministre d’ajouter : « Cette année, globalement, et à date c’est un début d’été un peu moins sec que 2022 et des épisodes caniculaires moins forts que l’an passé avec en revanche une température moyenne plus élevée ».
Des mots qui ont aussi heurté Serge Zaka, agroclimatologue : « Quand est-ce que nos politiques vont-ils comprendre et assumer les enjeux du changement climatique ? ».
Le ministre persiste et signe
Ce jour, Marc Fesneau est intervenu sur France Info pour tenter de clarifier ses dires. S’il regrette « les polémiques », il ne voit pas d’erreur dans ses propos, indiquant qu’il parlait « d’année agricole » :
On a eu plutôt des précipitations au sud au mois de mai, et un peu au mois de juin aussi qui ont (…) stabilisé une tendance qui était inquiétante, liée à des précipitations qui avaient été très faibles en janvier et février.
Et, répondant encore aux remarques de Valérie Masson-Delmotte :
D’un point de vue structurel, ce n’est pas le record qui va être le plus grave (…), le plus grave c’est la tendance. La tendance c’est la tendance globale au réchauffement terrestre et maritime (…) Après quand il fait 20 degrés, il fait 20 degrés, il fait pas 45 degrés…
Des mots qui sont loin d’avoir convaincu spécialistes et autres défenseurs de l’environnement.
🫣 #réchauffement 🇫🇷@MFesneau sur @franceinter, "On n'a pas eu des températures extrêmes, on a plutôt eu des températures normales, pour un été"
🌡️@meteofrance : le mois de juin a été 2,6°C au-dessus des normales, le deuxième mois de juin le + chaud après 2003 pic.twitter.com/8C2woP3zch
— Dr Valérie Masson-Delmotte (@valmasdel) July 15, 2023