De flop à succès : Sony veut monétiser la seconde vie de ses films

Image d'illustration. Sony Pictures EntertainmentSony / PR-ADN
Sony défend un nouveau modèle où un film ne se juge plus uniquement au box-office, mais à sa capacité à attirer des vues et des abonnés sur les plateformes de streaming.
Tl;dr
- Sony veut revaloriser ses films décevants au cinéma en s’appuyant sur leur succès en streaming plutôt que sur leurs recettes en salles.
- Le but est de réviser ses accords avec Netflix pour que les rémunérations dépendent du nombre de visionnages et de l’engagement des abonnés.
- Cette stratégie, encore incertaine, bouscule les modèles économiques d’Hollywood, où les plateformes hésitent à récompenser les “flops” qui cartonnent ensuite en ligne.
Un nouveau pari pour les films décevants
En pleine mutation du paysage audiovisuel, Sony Pictures Entertainment tente de réécrire les règles du jeu. Face à une fréquentation des salles devenue imprévisible, la filiale de Sony Group Corporation cherche à tirer profit de ses « flops » au box-office sur le marché du streaming. Curieusement, cette ambition ne porte pas sur ses plus grands succès, mais bien sur ces productions qui n’ont pas séduit en salle, mais rencontrent parfois un public inattendu sur des plateformes comme Netflix.
L’enjeu : changer la méthode de valorisation
Jusqu’à présent, les accords entre Sony et Netflix, générant chaque année des centaines de millions d’euros, s’appuyaient sur les recettes domestiques réalisées en salles. Mais ce modèle montre ses limites : des titres tels que Madame Web, décevants côté entrées, explosent une fois mis en ligne. Selon Bloomberg, Sony souhaiterait désormais lier une part des rémunérations à la performance réelle des films sur les plateformes – nombre de visionnages ou d’abonnés engagés – plutôt qu’à leur seul score cinématographique initial.
Les studios commencent donc à se demander si les critères traditionnels ne devraient pas évoluer :
- L’audience en streaming peut surpasser celle en salle.
- Certaines sorties jugées ratées connaissent un regain inespéré en ligne.
Des négociations complexes avec les plateformes de streaming
Mais convaincre les géants du secteur n’est pas gagné. Du côté des plateformes, la prudence domine : établir ce précédent reviendrait à revaloriser systématiquement tout échec commercial susceptible d’attirer ensuite l’attention en streaming. Difficile d’imaginer qu’un service comme Netflix, dont la force réside aussi dans sa capacité à négocier serré avec tous les studios – y compris Universal Pictures, Paramount Pictures ou encore Warner Bros. Pictures –, accepte sans contrepartie cette nouvelle tarification.
Le cas de Sony Pictures Entertainment, qui ne dispose pas de sa propre plateforme contrairement à beaucoup de ses concurrents, le place dans une position délicate. En cherchant à maximiser chaque source de revenus alors que le marché post-cinéma se fragilise (DVD quasi obsolètes, recettes VOD réduites), la firme risque de tendre ses relations avec ceux dont elle dépend pour distribuer ses œuvres.
L’avenir du modèle économique hollywoodien reste incertain
Il est indéniable que l’industrie se cherche : la période dorée où chaque sortie promettait un retour immédiat paraît lointaine. Si certains titres trouvent une seconde vie en streaming, le pari tenté par Sony laisse perplexe nombre d’observateurs et même plusieurs acteurs internes au studio. À l’heure où toutes les stratégies semblent permises pour amortir le risque et capter quelques revenus supplémentaires, il reste à voir si ce virage suffira à compenser l’instabilité chronique du box-office – ou s’il s’agira simplement d’une tentative vaine dans un secteur qui peine toujours à se réinventer.