Clermont-Ferrand : Née intersexuée, une personne porte plainte car on l’a « mutilée » pour devenir un homme
C’est la première fois en France qu’une personne intersexuée attaque les médecins et les hôpitaux qui l’ont opérée.
C’est une affaire particulièrement délicate que va devoir juger le tribunal de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Une personne née avec des caractéristiques sexuelles masculines et féminines et opérée lorsqu’elle était enfant a en effet décidé d’attaquer en justice les personnes et les institutions qui l’ont opéré.
7 opérations pendant l’enfance
Ce sont nos confrères de 20minutes qui relaient l’histoire délicate de Camille (prénom changé par soucis de discrétion). Tout commence donc en 1979 lorsqu’à la naissance de l’enfant, les médecins remarquent que ce dernier détient des caractéristiques sexuelles féminines et masculines.
Le corps médical informe donc les parents et trois ans plus tard il est décidé que Camille sera un garçon. Il faudra 7 opérations consécutives pour que le sexe définitif de l’enfant soit choisi. Problème, si Camille assume aujourd’hui parfaitement son genre, ces opérations ont laissé de graves conséquences sur sa santé.
« Pisser des lames de rasoir »
Cet infirmier de 38 ans souffre en effet aujourd’hui de plusieurs troubles liés selon lui à ces opérations subies pendant l’enfant. « J’en viens à calculer tout ce que je bois parce […] j’ai l’impression de pisser des lames de rasoir. Le sexe, c’est pareil. Je prends du plaisir tout en ayant extrêmement mal ! »
Camille déplore également que ces parents n’aient jamais été explicitement informés que cette intersexuation ne lui faisait courir aucun risque. « Pour les médecins, il fallait forcément me faire entrer dans une case ».
Désormais, c’est à la justice de trancher, car Camille a décidé de porter plainte contre quatre médecins et deux hôpitaux pour « violence volontaire sur mineur ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente ». Le dossier est particulièrement complexe pour le parquet de Clermont-Ferrand et se terminera « soit par un non-lieu qui sera alors sans doute contesté jusque devant la Cour européenne des droits de l’homme, soit par le renvoi de plusieurs praticiens devant une cour d’assises… »