Clarifications sur l’outil de recensement des violences policières
Après un rapport dénonçant les violences policières en France, l'inspection générale de la police nationale (IGPN) annonce la mise en place d'un outil de recensement des violences policières mais a par la suite nettement nuancé cette annonce qui avait fuité.
L’annonce de la mise en place d’un outil statistique recensant les violences policières avait suscité de nombreuses réactions notamment en cette période tendue de manifestations lycéennes. Autant les associations de défense des droits de l’homme appelaient à cet outil depuis longtemps, autant les policiers ont peu apprécié cette annonce. L’IGPN (la police des polices) a toutefois tenu à nuancer les informations publiées dans la presse.
Un outil visant à établir la transparence
C’est par un e-mail qui aurait fuité que l’information aurait été dévoilée prématurément dans la presse, prenant même de court les syndicats de policiers qui n’étaient pas dans la confidence. L’e-mail envoyé le 1er avril aux différentes directions centrales de la police par l’inspection générale de la police nationale indiquait : “La décision a été prise de créer un outil recensant, par convention, les blessures sérieuses, les blessures graves et les décès de particuliers, survenus à l’occasion ou à la suite de l’exercice des missions de la police nationale“.
Le courrier électronique précisait par ailleurs que cet outil “vise à établir de la transparence“. Le formulaire d’inscription d’une violence policière mentionnerait, à ce stade, le lieu, la date, l’arme utilisée, les conséquences physiques mais aussi le contexte de l’intervention policière.
Seulement la première réunion de travail
La fuite de cet email a particulièrement déplu à l’IGPN qui a voulu mettre les choses au point. Marie-France Monéger Guyomarc’h, la directrice de la police des polices n’a pas tardé à réagir à cette fuite : ” Il ne s’agissait que d’une initiative désirée mais balbutiante. Nous n’en sommes qu’à la première réunion de travail” avant d’ajouter : “l’Inspection n’entend pas statistiser à proprement parler les violences policières, mais désire se doter d’un outil permettant de comprendre et d’analyser les cas d’usage de la force“.
Une mise au point qui a le mérite d’être claire. L’inspection générale de la police nationale, à la différence de ce qui est sorti dans la presse, ne publiera donc pas de rapports sur les violences et les bavures policières. La directrice de l’IGPN précise d’ailleurs : “Il revient à la justice de dire si oui ou non la violence était légitime. Quand bien même, nous aurions cette intention, les décisions judiciaires tombent parfois des années après les faits et nos tableaux seraient biaisés. Notre démarche s’inscrit plutôt dans le retour d’expérience et l’évolution de nos pratiques internes, ce qui est le rôle d’une inspection“.