Chaque année, l’humanité rejette cent fois plus de CO2 que tous les volcans
Oui, bien sûr, les volcans rejettent du dioxyde de carbone. Mais dans une proportion qui est bien dérisoire au regard de la quantité émise par les activités humaines.
Mardi, l’équipe de 500 chercheurs du projet scientifique international Deep Carbon Observatory (DCO) a publié les résultats d’une étude menée sur 10 ans. D’après leurs relevés, la totalité des volcans de la planète crache de 0,3 à 0,4 gigatonne de dioxyde de carbone chaque année, quand l’activité humaine en a produit 37 gigatonnes, et ce rien que pendant l’année 2018. Marie Edmonds, vulcanologue au Queen’s College de Cambridge résume : “Les climato-sceptiques se jettent sur les volcans en les considérant comme possible plus gros émetteur de CO2, mais ce n’est tout simplement pas le cas”.
“La folie de l’humanité”
Dans L’Express, le vulcanologue émérite Patrick Allard (IPGP/CNRS) y va aussi de sa synthèse : “Autrement dit, nous sommes cent fois plus pollueurs que tous les volcans, ce qui montre toute la folie de l’humanité. Par le passé, la Terre a déjà connu des oscillations de concentration de ce gaz, mais nos activités provoquent un changement de ce taux, et donc des températures, de 100 à 200 fois plus rapide que la nature n’a jamais fait. On casse la vitesse des cycles naturels de la planète”.
Des chiffres similaires à une extinction de masse
Et le rapport du DCO, projet pluridisciplinaire d’étude du carbone dans la croûte et le manteau terrestres, fait une comparaison qui ne rassure pas. En effet, pendant les “10 à 12 dernières années”, l’Homme a rejeté des niveaux de CO2 équivalents à ceux produits il y a 66 millions d’années par l’impact de la météorite qui a provoqué entre autres l’extinction des dinosaures. Son confrère Pierre Cartigny reconnait que “La très grande vitesse de l’événement, tout comme sa manière très différente de répartir le flux de polluant dans l’atmosphère” constituent des limites à cette comparaison. Mais Patrick Allard estime que “Ces chiffres cependant donnent une idée de la démesure de notre taux d’émissions actuel”.