Chanter en gare : un voyageur sanctionné par la SNCF pour tapage et risque une lourde amende

Image d'illustration. Une gare et des voyageurs à la SNCFADN
Un voyageur catholique a écopé d’une amende après avoir chanté dans une gare SNCF. Son comportement a été considéré comme du tapage, une infraction qui peut entraîner une sanction financière parfois élevée pour les contrevenants.
Tl;dr
- Un pèlerin sanctionné pour chant religieux à Montparnasse.
- La SNCF invoque le « tapage en gare ».
- Débat sur la liberté d’expression et le bruit public.
Sanction à Montparnasse : la SNCF face à la ferveur religieuse
Lundi de Pentecôte, 9 juin 2025. À la gare Montparnasse, l’ambiance est inhabituelle. Des milliers de pèlerins, fatigués mais encore portés par l’élan collectif, viennent de parcourir à pied les dizaines de kilomètres séparant Paris de Chartres, avant leur retour en train. C’est dans cette atmosphère à la fois joyeuse et solennelle qu’un jeune homme de 18 ans, Augustin, entonne le chant latin « Jubilate Deo », repris en chœur par la foule.
Une amende qui fait débat
Quelques instants plus tard, la scène prend une tournure inattendue : Augustin écope d’une amende de 60 euros pour « tapage en gare ». Une décision qui provoque aussitôt l’indignation au sein des médias catholiques. La Tribune chrétienne décrit un « moment de prière, de communion, de joie » soudainement interrompu par l’intervention des agents de la SNCF. Selon un témoin cité dans Le Figaro, ceux-ci auraient simplement répondu qu’il leur était impossible de verbaliser tout le monde… et que le jeune homme avait été sanctionné car il avait eu le tort de les regarder en chantant – qui plus est, en latin.
Légalité et tranquillité publique : où placer le curseur ?
Ce cas relance un débat récurrent : où se situe la limite entre expression collective et respect du calme dans les lieux publics ? Si l’on s’étonne parfois que des pianos soient installés en libre accès dans certaines gares françaises, il n’en reste pas moins que toute nuisance sonore peut être sanctionnée. Le Code pénal (article R623-2) et le Code de la santé publique (article R.1336-5) stipulent clairement qu’aucun bruit particulier ne doit porter atteinte à la tranquillité du voisinage ou à la santé d’autrui, que ce soit par sa durée, sa répétition ou son intensité. Le Code des transports va dans le même sens : toute personne troublant la tranquillité peut se voir infliger une amende.
Des règles applicables à tous… vraiment ?
Dans les faits, ces règlements concernent divers types de bruits :
- Cris, chants spontanés ou organisés ;
- Conversations très bruyantes, fermetures répétées de portes ;
- Utilisation excessive d’instruments ou appareils sonores.
Supporters sportifs comme voyageurs ordinaires sont donc soumis aux mêmes interdictions. Pourtant, chaque situation questionne l’application du principe d’égalité devant la règle – un sujet dont les réseaux sociaux et certains fidèles se sont emparés avec vigueur ces derniers jours.
Derrière ce fait divers somme toute banal se dessine une interrogation plus large sur notre capacité collective à conjuguer expression spirituelle et exigences du vivre-ensemble dans les espaces publics modernes.