Calais : un militant pro-migrants condamné pour diffamation après un tweet visant des policiers
Mardi, le tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer a condamné un militant pro-migrants à 1.500 euros d'amende avec sursis. Ce coordinateur de l’association "L’Auberge des Migrants" a ainsi été reconnu coupable de diffamation après la publication d'un tweet.
1.500 euros d’amende avec sursis. Telle a été la sentence prononcée mardi par le tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) à l’encontre de Loan T., un militant pro-migrants ainsi condamné pour diffamation. L’homme, âgé de 21 ans et coordinateur de l’association « L’Auberge des Migrants », avait publié le 1er janvier dernier sur son compte Twitter une photo prise par ses soins quand il était à Calais.
Le cliché montrait un homme, possiblement un migrant, assis sur un sac de couchage. À côté de lui, deux policiers. La légende sous-entendait que les fonctionnaires allaient confisquer la couverture au premier homme alors que le froid sévissait.
Reconnu coupable de diffamation, un pro-migrants juge sa condamnation « dangereuse »
Reconnu coupable de « diffamation envers un dépositaire de l’autorité publique par parole, écrit, image ou moyen de communication au public », Loan estime que sa condamnation est « extrêmement dure et dangereuse ». Toujours dans des propos rapportés par Le Monde, le prévenu considère n’avoir pas fauté avec son tweet :
« J’ai agi dans mon bon droit. J’ai pris une photo, j’ai voulu parler de ce qui se passait à Calais avec le ramassage des couvertures en plein hiver. Ça se produit encore […]. Il faut continuer à en parler ».
Amnesty International France « sous le choc »
Pour Nicolas Krameyer, responsable du programme Libertés à Amnesty International France, cette décision de justice peut avoir un impact sévère sur la liberté d’expression : « On est sous le choc. Il y a un effet probable d’autocensure et de peur qui va se propager à la suite d’une décision de ce genre ».
Et d’ajouter : « Condamner à la diffamation un jeune défenseur des droits humains qui n’a fait que publier un tweet ironique, dénonçant des pratiques policières abusives, qui sont massivement documentées par ailleurs et dénoncées au plus haut niveau, c’est proprement scandaleux ». Précisons que le bénévole entend faire appel du verdict prononcé.