Bloom attaque Intermarché : les raisons derrière la plainte sur l’image négative du loup

L’association Bloom a récemment déposé plainte contre l’enseigne Intermarché, qu’elle accuse de mener une campagne publicitaire présentant le loup sous un jour négatif. Cette action relance le débat sur la représentation de ce prédateur dans l’espace public.

Un conte de Noël sous le feu des critiques

La dernière campagne de Noël d’Intermarché, mettant en scène un loup solitaire, n’en finit pas de susciter la controverse. Diffusée il y a quelques jours, cette publicité aux allures de conte animé met en avant un prédateur marginalisé qui s’initie à la cuisine grâce à des légumes… et du poisson. Un détail loin d’être anodin, tant il alimente depuis un débat inattendu sur les pratiques alimentaires et environnementales.

L’association Bloom monte au créneau

C’est précisément ce recours à la pêche qui a fait bondir l’association Bloom, engagée pour la défense des océans et des pêcheurs artisans. Selon elle, le spot laisserait entendre, à tort, que le loup serait devenu végétarien – une confusion renforcée par l’omniprésence de légumes à l’écran. Or, pour rappel, les véritables végétariens excluent toute chair animale, y compris celle du poisson. Sans utiliser explicitement le terme « végétarien », le message véhiculé aurait néanmoins été trompeur pour certains spectateurs. À tel point que, le 23 décembre 2025, Bloom a déposé plainte pour « publicité mensongère ».

Du côté d’Intermarché, on assume : « Le loup n’est pas censé être végétarien », explique-t-on en précisant que le personnage découvre simplement de nouveaux aliments et apprend à mieux manger. L’enseigne revendique une démarche avant tout créative et symbolique : il s’agirait d’un conte moderne centré sur la diversité alimentaire.

Derrière le dessin animé, un débat sur la pêche industrielle

Mais les critiques ne s’arrêtent pas là. Pour Bloom, cette vidéo porte aussi un message dangereux sur l’état des ressources marines : « La publicité induit en erreur quant à l’abondance du poisson et minimise les impacts environnementaux liés à la pêche », pointe Swann Bommier, chargé de plaidoyer dans l’association.

Ici réside tout le paradoxe : si le dessin animé montre une pêche individuelle et sélective – celle du loup –, la réalité commerciale d’Intermarché serait bien différente. L’enseigne pratiquerait surtout le chalutage industriel, technique utilisant d’immenses filets traînés au fond de l’eau pour maximiser les prises. Les spécialistes s’accordent à dire que cette méthode soulève plusieurs problèmes majeurs :

• Pertes massives dues aux captures accessoires rejetées mortes en mer ;
• Détérioration grave des fonds marins ;
• Émissions carbone élevées liées à l’usage de gros navires.

Pêche durable ou conte enjolivé ?

Derrière ce spot féérique se cache donc une interrogation plus large sur les responsabilités des grandes enseignes en matière d’écologie marine. Si certains y voient une jolie fable gourmande pour petits et grands, d’autres rappellent qu’entre image d’Épinal et réalité industrielle se loge souvent… un sacré loup.