Intermarché et Netto prêts à remplacer près de 300 magasins Auchan menacés de fermeture en France

Image d'illustration. Supermarché AuchanADN
Le paysage de la grande distribution en France s’apprête à changer : près de 300 magasins actuellement sous enseigne Auchan pourraient bientôt passer sous les bannières Intermarché et Netto, bouleversant ainsi l’implantation du groupe dans l’Hexagone.
Tl;dr
- Auchan transfère 294 supermarchés à Intermarché/Netto.
- Objectif : baisser les prix, gagner en compétitivité.
- 11 400 salariés s’inquiètent pour leurs acquis sociaux.
Une alliance inédite bouleverse la grande distribution
Dans un paysage où la concurrence ne cesse de s’intensifier, le rapprochement entre Auchan et le Groupement des Mousquetaires (enseignes Intermarché, Netto) marque une étape décisive. Dès fin 2026, près de 294 supermarchés français, jusqu’ici arborant le logo d’Auchan, pourraient passer sous franchise Intermarché ou Netto. Ce transfert concernerait la quasi-totalité des magasins du groupe – Corse exclue – au sein d’une entité autonome juridiquement, mais qui resterait attachée à la galaxie Auchan.
Nouvelles ambitions et guerre des prix
Derrière cette opération qualifiée d’« innovante », le groupe nordiste vise clairement un rebond sur un segment où il ne pèse aujourd’hui que 2 % de parts de marché. L’enjeu ? Revenir dans la course face à une concurrence féroce. Guillaume Darrasse, directeur général d’Auchan Retail, l’affirme : il s’agit de « gagner plus de six points de compétitivité prix ». En intégrant l’écosystème Mousquetaires, ces supermarchés accéderont aux marques propres du groupement et profiteront déjà dès 2024 d’une centrale d’achat commune (Aura Retail). Les clients devraient observer :
- Baisse notable des tarifs grâce au modèle Mousquetaires réputé agressif.
- Nouveau choix avec les produits Intermarché et Netto.
- Changements dans l’organisation commerciale et l’expérience en magasin.
L’appétit grandissant des Mousquetaires
Côté Groupement des Mousquetaires, cette expansion traduit une stratégie offensive. Déjà troisième acteur du secteur avec 17,7 % de parts de marché, il espère franchir le cap symbolique des 20 % d’ici à quatre ans. La trajectoire est claire : après avoir repris en main 294 magasins Casino entre 2023 et 2024 puis absorbé 81 Colruyt dans l’Est, le réseau aligne désormais un point de vente tous les dix kilomètres sur le territoire.
Tensions sociales et incertitudes pour les salariés
Cependant, cet ambitieux chantier suscite une vive inquiétude parmi les quelque 11 400 salariés concernés. Le passage sous une structure différente fait planer la menace d’une perte d’acquis sociaux – mutuelle, prévoyance ou intéressement inclus. Les représentants syndicaux demandent des garanties fermes sur l’emploi et s’interrogent : « Beaucoup de questions restent sans réponse : que deviennent les magasins déjà franchisés ? Que se passera-t-il si, pour des raisons de concurrence, certains supermarchés ne peuvent pas passer sous enseigne Intermarché ? », pointe Jean Pastor (CGT) dans les colonnes du Parisien. La tension sociale n’est pas nouvelle chez Auchan : son plan social visant à supprimer 2 400 postes a été retoqué par la justice cet automne. Un appel est en cours tandis que vingt hypermarchés connaissent déjà une profonde transformation.
Sur fond de guerre des prix où même Lidl talonne désormais Auchan (7,8 % contre 8,6 %), ce partenariat inédit pourrait bien redessiner durablement le paysage de la distribution alimentaire en France.