Benzema devant la justice : c’est quoi l’affaire dite de “la sextape” ?
L'attaquant doit comparaître pour "complicité de tentative de chantage" dans cette affaire de la "sextape" de Mathieu Valbuena.
Ce 20 octobre 2021 au matin, tous les prévenus se sont rendus au tribunal correctionnel de Versailles, à l’exception de Karim Benzema. À défaut de s’assoir sur le banc des prévenus, il est représenté par ses avocats.
Prévu jusqu’à vendredi, ce procès vise l’actuel attaquant du Real Madrid et de l’Equipe de France de football pour “complicité de tentative de chantage” à la “sextape” exercé, en 2015, sur celui qui était son partenaire de jeu en sélection, Mathieu Valbuena. Ainsi, Benzema aurait encouragé Valbuena à payer des maîtres-chanteurs, lesquels le menaçaient de rendre publique une vidéo intime.
Retour sur une affaire dont on devrait connaître le dénouement plus de 6 ans après son origine.
Tout commence en 2015
Le 8 juin 2015, Mathieu Valbuena porte plainte suite à un appel anonyme par l’intermédiaire duquel on le menace de diffuser une vidéo intime. C’est Younes Houass, figure du milieu du football, qui l’a passé 5 jours plus tôt. À l’issue de l’appel, aucune contrepartie financière n’avait été alors évoquée.
Plus tôt, au mois de mai de la même année, Valbuena avait été informé par Djibril Cissé de l’existence de cette sextape. Celui qui était alors son ancien co-équipier au sein de l’effectif de l’OM lui avait décrit les quelques images qu’il avait pu en voir.
Un autre homme, Axel Angot, qui est soupçonné de s’être procuré la sextape dans le téléphone du joueur, est mis en examen pour “tentative de chantage” et “abus de confiance”. Actif également dans le milieu du foot, il avait l’année précédente transféré les données du milieu de terrain dans le cadre d’un changement de téléphone.
Dernier prévenu : Mustapha Zouaoui. Connu pour vendre des accessoires de luxe dans le milieu du football, il est également poursuivi pour “tentative de chantage”. Lui et Angot sont présentés comme les cerveaux de l’affaire.
L’intervention de Benzema
Le 6 octobre 2015, l’équipe de France est réunie à Clairefontaine quand Benzema rend visite à Valbuena dans sa chambre. D’après l’ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel, c’est pour parler de la vidéo.
Et il lui affirme qu’il peut le mettre en relation avec un homme de confiance, “un ami proche”, lequel pourrait l’aider à s’assurer qu’aucune image ne soit dévoilée. Il s’agit de Karim Zenati, ami d’enfance de Benzema qui aurait été contacté par les maîtres-chanteurs présumés car les négociations avec Valbuena se trouvaient au point mort.
Zenati, qui était placé sur écoute, est appelé par Benzema peu après la conversation de la chambre d’hôtel. Durant cet appel, le footballeur raconte : “Il ne va rien lâcher… Il nous prend pas au sérieux”. Zenati dit ensuite : “Nous, on est là pour l’arranger, s’il veut pas, il se démerde avec les piranhas”..
“Ils vont lui pisser dessus”, répond alors Karim Benzema, ajoutant : “Les piranhas, ils vont le manger frérot”.
Quelle est la nature de la conversation ?
Karim Benzema a toujours soutenu que la conversation qu’il a eue revêtait un caractère “amical”. Il l’aurait ainsi prévenu : “Attention Math, c’est des gros, gros voyous”.
Mais à la fin du mois de novembre 2015, Valbuena disait le contraire dans les colonnes du Monde : “Karim sait très bien – même si on n’a jamais parlé d’argent, je pense qu’il est quand même un peu intelligent – qu’à partir du moment où je rencontre cette personne, c’est pas pour des cacahuètes”.
Dans l’ordonnance de renvoi, il est par ailleurs rappelé que Valbuna, pendant son audition, “avait d’abord pensé que c’était un ‘conseil amical’, puis s’était aperçu au fil de la conversation qu’il était un intermédiaire des maîtres chanteurs. Il avait ressenti que Benzema voulait lui faire comprendre que c’était grave, que ça pouvait faire des dégâts sur lui, sa famille et l’équipe de France”.
Charge donc à la justice de qualifier la nature de cette conversation. Karim Benzema risque une peine de prison de cinq ans au maximum et 75 000 euros d’amende. Les quatre autres prévenus encourent la même peine à ceci près qu’Axel Angot est aussi jugé pour “abus de confiance”, rendant possible une peine plus lourde.