Baclofène : son efficacité contre l’alcoolisme remise en question
Alors que jusqu'à il y a peu, le Baclofène apparaissait comme un traitement pertinent contre l'alcoolisme, une nouvelle étude vient remettre en question l'efficacité du médicament.
Il semblerait finalement qu’aucune preuve ne puisse attester d’une efficacité du Baclofène dans le traitement de l’alcoolisme, alors qu’en septembre dernier, pas moins de quatre études avançaient que le médicament représentait une aide notable dans ce combat.
Mercredi, une nouvelle étude est parue dans la revue European Neuropsychopharmacology. Elle est l’œuvre de chercheurs de l’université d’Amsterdam qui ont donc établi que l’administration du Baclofène se veut, en définitive, toute aussi pertinente qu’un placebo.
Alcoolisme : le Baclofène aussi efficace qu’un placebo
Pour parvenir à cette conclusion, les scientifiques ont travaillé sur les données de 151 patients alcooliques suivis au niveau psychosocial. 31 d’entre eux ont reçu du Baclofène à faible dose (soient 30 mg par jour), 58 du Baclofène à haute dose (jusqu’à 150 quotidiennement) quand les 62 autres ont eu droit à un placebo.
Et nos confrères du Dauphiné Libéré de rapporter qu’au terme de 16 semaines, ces trois groupes ont présenté un taux de rechute similaire d’environ 25%. Reinout Wiers, psychologue spécialiste des addictions et superviseur de ces travaux, explique pourquoi les résultats nouvellement obtenus diffèrent sensiblement des précédents :
« En août 2015, une petite étude allemande à répartition aléatoire avait montré que le Baclofène à haute dose montrait de bons résultats, mais le groupe de contrôle n’avait reçu aucun traitement. Nos patients, y compris le groupe placebo, ont eux tous reçu un suivi psychosocial ».
Une prescription à grande échelle pas recommandée
Le psychologue estime que la seule chose démontrée par ces études est que « le Baclofène semble aussi efficace qu’un traitement psychosocial mais qu’il n’apporte pas d’efficacité supplémentaire ». Et alors qu’en France, les patients alcooliques font l’objet d’une prescription de Baclofène à grande échelle, Reinout Wiers pense qu’il est encore trop tôt pour une telle opération.
Le professeur Paul-Brousse Michel Reynaud, qui avait dirigé l’une des études présentant le Baclofène comme efficace contre l’alcoolisme, aura déclaré que si le Baclofène « n’est pas le médicament miracle que beaucoup décrivent », il le voyait malgré tout comme « un plus qui nous permettra d’enrichir l’arsenal thérapeutique ».