Aspergillose : Quand un tout petit champignon en veut à nos poumons
"C’est un énorme problème de santé publique, mais cette maladie n’est pas visible de la population et du corps médical".
Qui connaît l’aspergillose ? Peu de personnes, et même dans les rangs des professionnels de la médecine. Et pourtant, l’aspergillus est un minuscule champignon que l’on retrouve partout, que nous inhalons tous les jours sans même nous en rendre compte.
À l’occasion du Congrès international de la Société européenne des maladies respiratoires (ERS), qui se tient jusqu’à demain à Paris, les spécialistes alarment sur celui qui peut s’avérer très dangereux pour nos poumons.
Alerte à l’aspergillose pulmonaire chronique
Le Dr Cendrine Godet précise ainsi que ce champignon peut être présent dans les climatiseurs, salles de bains ou cuisines, et les moisissures noires qui peuvent garnir les murs. Tout lieu humide en quelque sorte. Elle indique que « Les publications actuelles font état de 3 millions de personnes touchées dans le monde et 240.000 en France, mais c’est très sous-estimé ».
Quant aux personnes les plus susceptibles d’êtres touchées, les voici : « Cela peut être des gens qui ont les bronches dilatées parce qu’ils fument, qui ont de l’asthme, ou qui ont une petite cicatrice sur le poumon, laissée par une infection ancienne, comme une pneumonie par exemple ».
Quels dangers ?
Ce qui fait que la maladie est si insidieuse, c’est que les symptômes sont propres à bon nombre de maladies, et se produisent avec lenteur : ils « peuvent se développer sur des mois et des années, sans faire de bruit : on tousse, on est essoufflé et on peut en arriver à cracher du sang ».
Et elle ajoute : « Dans les formes infectieuses les plus graves, quand on découvre que l’aspergillus est en cause, le poumon commence à se détruire, il y a d’énormes cavités avec des boules de champignons à l’intérieur ». Avec une mortalité à 5 ans de 50% à 80%, en l’absence de traitement.
Au niveau thérapeutique justement, un traitement anti-fongique existe qui doit être administré pendant 6, 9 voire 12 mois. Mais à l’instar des antibiotiques, la résistance de l’infection s’organise.
Pour tenter de la contrer, le Dr Godet aidée d’autres collègues vont entamer une étude qui sera une première dans le domaine de cette infection : « L’idée, c’est de faire respirer le médicament par le même endroit que les spores, pour avoir de grosses concentrations dans les zones infectées », avance-t-elle.