Argentine : après une césarienne sur une enfant de 11 ans, le débat sur l’avortement est relancé
Dans le pays, l'IVG est légal en cas de viol mais la fillette n'a pu y accéder.
“Je veux que vous m’enleviez ce que le vieux m’a mis dans le ventre”. Ces mots terribles de la part d’une fillette de 11 ans figurent dans la plainte qu’elle avait déposée auprès de la justice de la province de Tucuman, dans le nord de l’Argentine.
En compagnie de sa mère, elle demandait l’accès à l’avortement, restreint dans le pays d’Amérique du Sud. Elle avait été violée par le compagnon de sa grand-mère.
Un retard dans la procédure
Dans un cas de viol comme celui-ci, l’accès à l’IVG est possible, et la demande avait été formulée à 19 semaines de grossesse. Seulement, la procédure a pris 7 semaines de retard, des médecins avançant l’objection de conscience. D’autres ont jugé qu’à 23 semaines, la fillette était en danger et qu’il convenait de pratiquer une césarienne.
L’avocate de la famille a déploré : “La volonté de l’enfant aurait dû être prise en compte. Il y avait deux raisons (pour autoriser) l’avortement”. En effet la loi autorise l’IVG, outre en raison d’un viol, en cas de danger pour la mère.
Le péril pour la mère mis en évidence
Cecilia Ousset, gynécologue ayant participé à l’intervention, justifie : “Par voie basse, ce n’était pas possible. Son corps n’est pas suffisamment développé pour (supporter) une grossesse de 23 semaines, et s’il l’avait été, les conditions psychologiques n’étaient pas réunies, du fait des nombreux abus qu’elle a subis”.
Quant au fœtus, il a selon les médecins très peu de chances de survivre.
Le gouvernement de la province a avancé quant à lui avoir mis en œuvre “les procédures nécessaires pour sauver les deux vies”.
L’année dernière, un projet de loi ouvrant droit à l’IVG jusqu’à la 14e semaine de grossesse avait été adopté à la Chambre des députés, mais le Sénat avait fini par le rejeter sous la pression des autorités catholique et évangélique. Le débat, déjà vif depuis bien longtemps entre deux camps très mobilisés, est donc relancé avec ce nouveau cas.