En quête d’argent, les talibans souhaitent “taxer” les opérateurs mobiles
Une "taxe de protection". C'est ainsi que les talibans afghans, en mal de finances, appellent ce à quoi ils veulent soumettre aux opérateurs mobiles du pays.
Le marché du mobile est l’un des rares pans de l’économie afghane qui soit, à défaut d’être florissant, du moins pas complètement tombé en décrépitude. Voilà pourquoi les talibans s’y intéressent particulièrement.
Et ce n’est pas pour investir, mais plutôt pour leur imposer ce qu’ils appellent une “taxe de protection”. L’organisation, qui n’est pas au mieux côté finances, semble y voir un bon moyen de se remettre à flot.
Afghanistan : 4 opérateurs taxés par les talibans
Et cela ressemble fort à une forme de racket : demandée de manière formelle à quatre opérateurs à l’occasion d’une réunion secrète, cette taxe est assortie, en contrepartie, d’un engagement de l’organisation à “ne pas s’en prendre à leurs employés et à leurs infrastructures”, nous informe l’AFP qui a été mise au courant par des sources entrepreneuriales.
Mais d’où leur est venue cette idée ? En octobre dernier, le gouvernement a instauré un impôt (légal, celui-ci) qui a généré l’équivalent de 1,14 million de dollars à l’Etat. L’information émane de deux cadres d’opérateurs présents lors de cette réunion secrète. L’un d’eux a déclaré à l’AFP : “Ils veulent que nous leur versions la même somme qu’au gouvernement. Nous leur avons dit que cela coulerait nos affaires, mais ils nous ont répondu: ‘C’est le seul moyen de vous assurer que vos employés ne soient pas attaqués et que vos infrastructures ne partent pas en flammes'”.
Une taxe de 10%
Pour les opérateurs, une telle ponction ne passe bien entendu pas du tout. Une source anonyme qui oeuvre pour l’un des opérateurs a déclaré : “Une taxe de 10% aux talibans? En gros, ça veut dire que nous devrons montrer notre livre de comptes à des insurgés. Cela n’est pas possible. Nous leur avons dit non”.
Seulement, espérer y échapper ressemble fort à demander un miracle. Le cadre anonyme craint même qu’accepter aiguiserait les appétits d’autres groupes armés, dans un escalade inarrêtable.