20 millions d’actifs français consomment des psychotropes pour tenir le coup
À l'occasion du 2e congrès "Travail, santé et usage de psychotropes", des chiffres alarmants concernant le lien entre travail et consommation de psychotropes.
Légales ou illégales, les substances psychotropes sont de plus en plus consommées par les actifs en France. Mais le lien avec le monde du travail n’est que rarement établi.
Depuis lundi, le 2e congrès « Travail, santé et usage de psychotropes » qui se tient à Paris vise à changer l’approche du problème.
« Des moyens puissants au service la production »
Gladys Lutz est chercheuse en psychologie du travail, présidente de l’association Addictologie et Travail (Additra) et l’une des organisatrices de ce congrès. Selon elle, « Les drogues, licites et illicites, sont aussi des moyens puissants au service la production, de la rentabilité et du silence sur les troubles de santé liés au travail. De plus en plus d’actifs ont une utilisation de différents produits, soit pour tenir, soit pour dormir ou récupérer, soit pour se construire une identité professionnelle ».
Quant à Marie Pezé, qui depuis 1996 gère le réseau des 130 consultations « souffrance au travail », elle juge la situation « catastrophique ». Elle constate une « frénésie qui s’est emparée des organisations du travail » et qui « oblige au dopage légal et illégal ».
Changer la façon d’appréhender le lien drogues-travail
Dans un document en ligne, l’Additra relève que les employeurs voient surtout le problème « quand l’alcool et les drogues s’invitent au travail », alors qu’ils devraient davantage se pencher sur « quand le travail invite l’alcool et les drogues ».
1 actif sur 3 consommerait ainsi des médicaments en lien avec problèmes rencontrés au travail. Dans le détail, 20% prennent un médicament pour être « en forme », 18% en consomment « pour se détendre après une journée difficile » et 12% les prennent sur leur lieu de travail pour adoucir un « symptôme gênant ».