Pesticides : Quand Cash Investigation arrange les chiffres à sa sauce
Libération a tenu à remettre les choses au clair concernant le reportage de Cash Investigation sur la teneur en pesticides de nos aliments de consommation courante.
Le mardi 2 février dernier, l’émission de France 2 Cash Investigation, présentée par Élise Lucet, faisait un carton d’audience grâce à un sujet qui nous touche tous plus ou moins, la présence de pesticides dans notre alimentation.
Lors du reportage, un chiffre marquera tout particulièrement les téléspectateurs, 97 %. Car selon le reportage, 97 % des aliments de consommation courante contiendraient des pesticides. Un chiffre frappant, mais qui aurait été quelque peu gonflé par les journalistes de l’émission selon une enquête de Libération.
« Une grosse confusion » selon Libération
Pour donner ce chiffre de 97 %, les auteurs du reportage de Cash Investigation se sont basés sur un rapport de l’Autorité européenne de sécurité alimentaire (Efsa) sur les résidus de pesticides dans les aliments. Mais le chiffre aurait été tourné de manière à dresser un constat plus alarmant qu’il ne le serait réellement.
En effet, selon les conclusions du rapport que l’on peut consulter sur le site officiel de l’EFSA, « 97,4 % des échantillons analysés se situaient dans les limites légales ». Comprendre que s’il y a bien des traces de pesticides dans les aliments dans 97,4 % des cas, ces dernières ne comporteraient pas de danger réel sur notre santé.
Un détail qui fait toute la différence
Cette mention « dans les limites légales » n’a en effet pas été précisée dans le reportage de Cash Investigation qu’il est possible de retrouver en Replay. En réalité, le rapport de l’EFSA indique que 54,6 % des échantillons ne contenaient aucun résidu détectable et que « seulement » 1,5 % dépassaient nettement les limites légales.
Contactée par le service Désintox de Libération, l’émission Cash Investigation se défend en affirmant que « les 54,6 % d’aliments sans résidus détectables contiennent en réalité des pesticides, mais dans des quantités non mesurables. » Quoi qu’il en soit, le reportage de France 2 aura eu le mérite d’alerter l’opinion sur les dangers des pesticides et, espérons-le, fera changer les habitudes de consommation de nombreux téléspectateurs qui feront désormais plus attention à la provenance de leurs aliments.