Attentats de Bruxelles : la une de Charlie Hebdo pas choquante pour un éditorialiste belge
Interrogé sur la une de Charlie Hebdo consacrée aux attentats de Bruxelles, où l'on y voit le chanteur Stromae lancer un appel à un père de famille morcelé, l'éditorialiste belge Didier Pasamonik avoue n'être ni étonne, ni choqué par le dessin de Riss.
En ce mercredi 30 mars 2016 paraît le 1236e numéro du journal satirique Charlie Hebdo. Avec une une qui n’est, encore une fois, pas passée inaperçue. Elle fait écho aux récents attentats de Bruxelles et l’on y voit le chanteur belge Stromae prononcer le refrain de son titre “Papaoutai”, un appel auquel répond le papa en dépit de l’explosion dont il a vraisemblablement été victime.
Une une sulfureuse dont on peut une nouvelle fois se demander si elle n’a pas franchi les limites de l’acceptable. Pour l’éditorialiste, directeur de collection et historien de la bande dessinée belge Didier Pasamonik, qui s’est exprimé auprès de nos confrères du Figaro, il n’y a pas vraiment lieu de s’indigner plus qu’auparavant.
Une de Charlie Hebdo : Stromae, “le premier affecté” ?
“Quoi qu’on en pense, ce dessin reste dans la tradition de ce journal satirique. Une couverture qui détonne, qui est à contre-courant, et par conséquent qui choque. Vraiment, ce genre de dessin venant de Riss, ne m’étonne pas. Il a lui-même été victime des attentats du 7 janvier 2015. Plus rien ne l’effraie maintenant qu’il a connu la mort. Riss n’a jamais été tendre.”
Tout en reconnaissant au dessinateur un humour plus radical, “sans doute doit-il se dire qu’il n’y a plus de demi-mesure possible…” Et d’ajouter qu’“en tout cas, le premier affecté par cette une, ce sera sûrement Stromae, dont le père a disparu lors du génocide des Tutsis au Rwanda”.
“Cette couverture a une double volonté de transgression”
M. Pasamonik n’est également pas tombé des nues en observant le choix de Stromae : “De la même façon que Tintin figure en couverture de Marianne, Riss a choisi Stromae. Il y a quelques symboles de la Belgique qui ont été utilisés par les artistes. Moi, ça ne me choque pas.”
L’éditeur considère d’ailleurs que “cette couverture a une double volonté de transgression. Ce dessin choquant compte bien nous sortir des tabous et du politiquement correct qui engluent les consciences. […] En réalité, Charlie nous met face à nos contradictions. Si ça nous choque, c’est bien. Ça veut dire que l’on est toujours capable de réagir.”