Violences médicales : “beaucoup de raccourcis un peu simplistes” selon un médecin
Si le livre du médecin Martin Winckler dénonce une maltraitance médicale en France, un autre praticien estime que l'ouvrage présente "beaucoup de raccourcis un peu simplistes", tout en reconnaissant des "attitudes qui ne devraient plus exister".
Il y a de cela quelques semaines, le médecin et écrivain Martin Winckler dénonçait dans son livre Les brutes en blanc une maltraitance observée dans le milieu médical français. Selon lui, dans des propos alors tenus à la radio, “la formation médicale en France n’est pas du tout centrée sur l’écoute du patient. Elle n’est pas centrée sur le développement de l’empathie […].”
Nos confrères du Parisien sont parts à la encontre du professeur Antoine Tesnière pour lui demander s’il partage le ressenti de son confrère quant à cette problématique de violences médicales. Un sentiment visiblement mitigé :
“Il y a beaucoup de raccourcis un peu simplistes sur des situations très complexes dans ce livre, mais il est vrai qu’il y a des attitudes qui ne devraient plus exister. Entrer dans la chambre d’un patient sans frapper, manquer d’empathie face à une souffrance et des questions, alors que cela fait partie intégrante du soin, ne pas s’efforcer d’adapter son discours à la personne qui l’entend… avec nos supports de simulation, on développe ce constat du Dr Winckler, mais avec moins de caricature.”
Livre sur les violences médicales : un médecin évoque une “caricature”
Le médecin explique ensuite que la technologie offerte aux étudiants en médecine leur est profitable concernant un éventuel comportement reprochable de leur part vis-à-vis du patient :
“Nos outils ont cet avantage de permettre aux étudiants de s’immerger dans les situations problématiques, mais sans le risque que leurs erreurs, leur maladresse ou leur manque d’empathie aient des conséquences réelles. Le travail en est plus efficace, et les étudiants d’aujourd’hui sont aussi plus à l’aise avec ces outils, bien que nous ayons de plus en plus de demande de soignants d’une génération moins rodée à la méthode.”
Une technologie appelée à être plus présente
À la question de savoir si, à l’avenir, les étudiants ne seront formés que de cette façon, le professeur Tesnière répond qu’il n’en sera pas question, même s’il faut vraisemblablement s’attendre à une présence plus marquée de ces outils :
“Évidemment non, mais ces méthodes en font partie, et s’y inscriront de plus en plus. Celle-ci par exemple, est désormais inscrite dans toutes les promotions, à raison d’une demi-journée chaque trimestre dès la 2e année, avec des approches plus centrées sur la relation avec le patient de la 4e à la 6e année. Le retour des enseignants et des étudiants est édifiant, tous progressent à travers les différentes situations scénarisées.”