Une vaste analyse remet en question nos certitudes sur le jeûne

Image d'illustration. Jeûne intermittent, régime. ADN
Une vaste analyse scientifique remet en question l’efficacité du jeûne, remettant en cause des croyances répandues sur ses bienfaits pour la santé. Les conclusions de cette revue interrogent la popularité croissante de cette pratique alimentaire.
Tl;dr
- Le jeûne n’affecte pas la cognition des adultes sains.
- Enfants et adolescents sont plus sensibles à la privation alimentaire.
- Attention aux situations professionnelles ou tests liés à l’alimentation.
Le mythe du « cerveau affamé » revisité
Depuis des années, la publicité martèle ce message : « Tu n’es pas toi-même quand tu as faim ». Impossible de passer à côté de ces injonctions qui font de l’alimentation continue le secret supposé de la productivité et de l’attention. Pourtant, un nombre croissant d’adultes s’essaient aujourd’hui au jeûne intermittent et à la restriction alimentaire temporelle, motivés par leurs vertus annoncées sur la santé métabolique et le contrôle du poids.
Alors, faut-il vraiment craindre une perte d’efficacité mentale si on saute un repas ? Voilà une interrogation qui persiste chez ceux qui envisagent le jeûne, partagée aussi bien dans les open spaces que dans les salles de sport.
Derrière la popularité du jeûne : mécanismes biologiques et promesses santé
Si le jeûne séduit, c’est parce qu’il active d’anciens mécanismes adaptatifs. Après environ douze heures sans manger, l’organisme puise dans ses réserves : il bascule du glucose vers les corps cétoniques, fournissant ainsi au cerveau une nouvelle source d’énergie. Cette flexibilité métabolique, jadis essentielle à notre survie, se traduit aujourd’hui par des bénéfices observés sur l’autophagie cellulaire, la santé métabolique, voire la réduction des risques de maladies chroniques liées à l’excès alimentaire.
Cognition : ce que révèle vraiment la science sur le jeûne
Pour y voir plus clair, une équipe dirigée par David Moreau, professeur à l’Université d’Auckland, a passé au crible près de sept décennies d’études expérimentales sur le sujet. Leur méta-analyse porte sur 71 études indépendantes rassemblant 3 484 participants. Le verdict ? Chez les adultes en bonne santé, aucun impact notable du jeûne sur les performances cognitives (attention, mémoire, fonctions exécutives).
Toutefois, trois variables pèsent dans la balance :
- L’âge : Les enfants et adolescents privés de repas voient leur attention chuter ; leur cerveau en développement semble plus vulnérable.
- L’heure du test : Des tests réalisés en fin de journée accentuent les effets du jeûne.
- La nature des tâches : Face à des indices alimentaires (images ou mots liés à la nourriture), les personnes à jeun se montrent plus distraites.
S’adapter… sans tout généraliser
Ceux qui pratiquent le jeûne peuvent être rassurés quant à leur vivacité d’esprit — pourvu qu’ils soient adultes en bonne santé. Néanmoins, prudence chez les plus jeunes ou dans certains contextes professionnels où la tentation alimentaire rôde ou lorsque l’attention doit rester maximale en fin de journée. Faut-il alors sauter le petit-déjeuner avant une réunion cruciale ? Probablement pas pour un enfant scolarisé. Mais chez l’adulte averti, le choix reste très personnel : ici, aucune recette universelle ne s’impose.