Une infection courante développe une résistance inquiétante aux traitements médicamenteux

Image d'illustration. Gros plan de divers antibiotiques sur fond blancADN
Des chercheurs alertent sur l’accélération de la résistance aux médicaments d’une infection courante, compromettant l’efficacité des traitements actuels et soulevant de vives inquiétudes quant à la gestion de cette menace grandissante pour la santé publique.
Tl;dr
- Résistance croissante de Candida aux antifongiques.
- Moins d’options pour traiter les infections courantes.
- Préserver son microbiome aide à limiter les risques.
L’adaptation inquiétante de Candida
Depuis quelques années, la menace que représente l’infection à levures – plus connue sous le nom de muguet – s’intensifie sur la scène mondiale. Au cœur de cette problématique : la capacité remarquable du champignon Candida albicans à résister aux traitements antifongiques traditionnellement efficaces, notamment le fluconazole, longtemps considéré comme la référence.
Des résistances en hausse, des traitements remis en question
Selon les données du Centers for Disease Control and Prevention (CDC) américain, près de 7 % des échantillons sanguins de Candida présentent désormais une résistance au fluconazole. Ce chiffre, qui n’était que marginal il y a vingt ans, reflète une progression lente mais constante de la résistance, observée partout dans le monde et récemment mise en évidence dans une étude égyptienne où ce taux atteignait 26 % chez certains patients. Or, ces résistances complexifient sérieusement la prise en charge non seulement des infections banales mais aussi des formes graves touchant les personnes immunodéprimées ou exposées à de longues cures d’antibiotiques.
Derrière ce phénomène, plusieurs mécanismes entrent en jeu : mutations génétiques rendant le champignon moins sensible aux médicaments, formation de biofilms protecteurs qui empêchent l’action des traitements ou encore modification des cibles moléculaires visées par les antifongiques. La diversification croissante des espèces résistantes, telles que la redoutée Candida auris, accentue encore l’urgence.
Facteurs aggravants et voies émergentes de transmission
Le recours excessif – et parfois inapproprié – aux antifongiques en médecine comme dans l’agriculture figure parmi les principaux moteurs de cette évolution. Le climat n’est pas en reste : le réchauffement et les stress écologiques favorisent l’apparition de souches tolérantes à la chaleur et multirésistantes.
Autre point préoccupant révélé récemment : la présence inattendue de souches résistantes dans l’air urbain. Une étude menée à Hong Kong a détecté du Candida albicans dans des prélèvements atmosphériques, soulevant la question d’une diffusion communautaire jusque-là sous-estimée.
Mieux protéger son microbiome : un rempart possible ?
Face à cette évolution inquiétante, quelques mesures essentielles se dégagent pour limiter le risque :
- Préserver son microbiome intestinal en adoptant une alimentation diversifiée et riche en fibres.
- Limiter l’usage d’antibiotiques et d’antifongiques, sauf stricte nécessité médicale.
- Maintenir une hygiène rigoureuse, particulièrement dans les environnements hospitaliers.
Un équilibre microbien sain joue un rôle crucial : il empêche généralement le développement anarchique du champignon, sauf en cas de perturbation majeure (antibiotiques, stress intense, déficience immunitaire). Les probiotiques ou prébiotiques peuvent aider après traitement antibiotique ou si les infections sont récidivantes.
Si la plupart des infections par Candida demeurent bénignes et maîtrisables aujourd’hui, l’émergence continue de souches résistantes impose une vigilance accrue et collective.