Un expert alerte : sans action, les décès liés au cancer pourraient doubler d’ici 2050

Image d'illustration. Intelligence artificielle analysant des clichés. ADN
Un expert alerte sur l’évolution inquiétante de la mortalité liée au cancer, prévoyant un doublement du nombre de décès d’ici 2050 si aucune mesure significative n’est prise pour inverser cette tendance préoccupante.
Tl;dr
- Cancer progresse fortement dans les pays à faibles ressources.
- Près de 42% des décès sont liés à des risques modifiables.
- Des politiques publiques urgentes peuvent freiner cette crise.
Un basculement silencieux dans la crise mondiale du cancer
Loin d’attirer l’attention comme certaines épidémies ou la résistance aux antimicrobiens, une autre urgence sanitaire s’impose peu à peu : la montée inexorable du cancer, qui frappe désormais tous les continents. Il y a encore quelques décennies, on associait volontiers ce fléau aux sociétés les plus aisées. Pourtant, la tendance s’est inversée et la charge du cancer se déplace désormais vers les régions disposant des ressources les plus limitées, à l’image de l’Asie du Sud ou de l’Afrique subsaharienne. Cette réalité s’impose avec force dans les conclusions de la dernière étude internationale menée par le consortium Global Burden of Disease Cancer Collaboration, auquel j’ai contribué.
Des chiffres vertigineux et des vies bouleversées
En 2023, notre analyse fait état de près de 18,5 millions de nouveaux cas de cancer et de plus de 10,4 millions de décès à travers 204 pays. Le constat est sans appel : près d’un décès sur six dans le monde est causé par le cancer, et plus des deux tiers touchent aujourd’hui les pays à faibles ou moyens revenus. Si ces statistiques révèlent l’ampleur du défi, elles cachent aussi d’innombrables histoires familiales bouleversées. Derrière chaque chiffre, il y a un parent ou un enfant que l’on pourrait sauver si la maladie était détectée plus tôt.
L’impact des modes de vie et le poids des inégalités
On observe désormais que la progression du cancer accompagne les transformations rapides des sociétés : urbanisation croissante, évolution des modes alimentaires ou encore vieillissement accéléré des populations. À cela s’ajoutent bien souvent l’absence d’infrastructures permettant un dépistage efficace ou l’accès trop restreint à un traitement approprié. Selon nos données pour 2023, pas moins de 41,7 % des décès par cancer seraient imputables à des facteurs modifiables. Parmi eux :
- Tabac
- Alcool
- Mauvaises habitudes alimentaires et pollution atmosphérique
Les gouvernements ont donc un rôle décisif pour agir sur ces déterminants sociaux et environnementaux.
L’avenir reste ouvert : agir maintenant pour changer le cours
Si rien ne change, nos modèles anticipent qu’en 2050 le nombre annuel de diagnostics atteindra près de 30,5 millions, pour environ 18,6 millions de décès chaque année. Ce bond alarmant n’est pas une fatalité. Miser sur la prévention – contrôle du tabac, régulation de la qualité de l’air, lutte contre l’obésité – mais aussi investir massivement dans le dépistage précoce et renforcer les systèmes de santé sont autant d’options qui pourraient infléchir cette trajectoire. Autre levier crucial : disposer enfin d’informations robustes grâce à des registres fiables permettant d’orienter efficacement les politiques publiques.
Le message reste clair : face au risque que le cancer devienne un fléau encore plus massif d’ici à vingt-cinq ans, il existe une marge d’action collective si chacun – décideurs comme citoyens – décide d’agir sans tarder.