Que vaut vraiment l’astéroïde qui a frôlé la Terre ?
Depuis qu'un astéroïde supposément composé d'une très impressionnante masse de platine a frôlé la Terre dimanche, son astronomique valeur marchande annoncée fait l'objet de bien des soupçons.
90 millions, tel est le nombre de tonnes de platine qui composait cet astéroïde quand il a frôlé la Terre le dimanche 19 juillet dernier. Le terme “frôler” est bien entendu à considérer à l’échelle de l’univers, puisque l’événement s’est produit à 2,4 millions de kilomètres de notre planète.
Ce n’est certes pas la première fois qu’un corps céleste de cette envergure passe dans le voisinage. Si celui-ci a été porté à une connaissance plus large que celle des spécialistes c’est bien à cause de sa composition, évoquée dès l’entame de cet article.
L’astéroïde vaut-il vraiment 5.000 milliards de dollars ?
Il semble inutile de rappeler que le platine est un métal aussi rare que précieux. Or, l’astéroïde 2011 UW-158 en question, long de 500 mètres, en contiendrait 90 millions de tonnes. On a pu lire un peu partout qu’une telle masse représenterait la somme faramineuse de 5.000 milliards de dollars. Soit, comme le précisait le Huffington Post dimanche, “l’équivalent du PIB total du Japon, ou bien ceux du Royaume-Uni et de la France cumulés”.
Sauf que pour 20minutes.fr et les spécialistes que le média a consultés, l’objet serait aussi imposant que sans valeur. Dans un premier temps, 20minutes rappelle que celui qui a déterminé cette somme folle ne serait autre que Chris Lewicki, président d’une société qui fait tout pour mettre en oeuvre l’exploitation des ressources des astéroïdes dans un futur proche.
Mais pour Patrick Michel, directeur de recherches CNRS à l’Observatoire Côte d’Azur, la composition de l’astéroïde doit déjà être remise en cause puisque selon lui, “Il n’y a pour l’instant aucun indice de présence de métal sur cet astéroïde”. Et pour cause, il n’existe aucun moyen de connaître la composition du noyau d’un tel corps céleste, tout juste sa surface.
Les obstacles à l’exploitation des astéroïdes
Allez, pour la forme, acceptons l’idée que certains astéroïdes regorgent bien de millions de tonnes de métaux précieux, quels qu’ils soient. Et ensuite ? On prend tranquillement une navette, armés d’une grosse pelle ? Hervé Cotin, professeur au Laboratoire Interuniversitaire des Systèmes Atmosphériques avance que la rentabilité d’une telle mission est “irréaliste”. En admettant que les techniques de forage soient déjà à l’ordre du jour. Ce qui l’est en revanche dans la communauté scientifique, c’est l’exploitation pour permettre le ravitaillement de vaisseaux, par exemple.
Ensuite, le droit international est là pour brider quelque peu les rêves commerciaux. En effet, tous les objets spatiaux sont considérés par l’ONU, et depuis 1967, comme appartenant à l’ensemble de l’humanité. Si 2011 UW-158 n’est peut-être qu’un gros caillou sans valeur, il nous aura au moins permis de lever les yeux au ciel, et cela a-t-il un prix ?