Un an après Charlie Hebdo, RSF stigmatise le risque du “religieusement correct”
Reporters Sans Frontières, un an jour pour jour après l'attaque sanglante contre Charlie Hebdo, met en garde contre l'installation d'un "religieusement correct" dans la presse.
Dans un communiqué publié mercredi, l’ONG Reporters Sans Frontières (RSF) a alerté sur la possible instauration d’un phénomène “religieusement correct” qui bannirait de fait tout blasphème. Un an après l’attaque menée contre les locaux de l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, selon elle, il en va de la survie de la liberté d’expression.
Blasphème et liberté de la presse
Dans ce communiqué, RSF “dénonce l’instauration d’une chape de plomb qui pèse de plus en plus sur la presse et incite les journalistes à se plier à un prétendu ‘religieusement correct’ (…), imposé dans de nombreux pays du monde avec une force et une violence débridées”.
Plus loin, elle avertit qu’“Au nom du respect de Dieu et de notions telles que le blasphème, ses partisans entendent créer une exception à la liberté d’expression en général, et de l’information en particulier”.
“Une forme de totalitarisme” à éviter
RSF justifie en outre : “il ne s’agit pas d’un simple conformisme, mais d’une atteinte grave au droit à l’information, à l’origine de faits parfois sanglants”. Ici, l’ONG évoque non seulement Charlie, mais aussi d’autres événements relatifs dans le monde, comme ces dessinateurs jugés en Turquie, ou encore la condamnation du blogueur saoudien Raïf Badawi.
“La liberté d’information et d’expression, celle des journalistes comme des citoyens, ne saurait être contrainte ou limitée par les convictions ou les sensibilités des uns ou des autres, sauf à instaurer, sans qu’on y prenne garde, une forme de totalitarisme”, insiste encore RSF.
Dans l’édition de mercredi de Charlie Hebdo, Antonio Fischetti ne dit pas autre chose avec son article titré “Le délit de blasphème est en pleine forme”. Il écrit : “Face au radicalisme religieux, il n’y a pas d’autre solution que d’être radicalement républicain. Les démocraties qui conservent le délit de blasphème dans leur législation lanceraient un fort signal au monde entier en l’abrogeant”.