Trop de télé à 2 ans, harcèlement à 6 ans ?
Un lien plutôt surprenant a été établi entre abus de télévision à l'âge de 2 ans et harcèlement à l'école à 6 ans.
Aussi étrange que soit le lien mis en évidence, l’étude n’en est pas moins sérieuse, et c’est une revue spécialisée, le Journal of Developmental and Behavioral Pediatrics qui s’en fait l’écho dans son édition de juillet-août.
En effet, des chercheurs de l’Université de Montréal ont mis relation un haut degré de visionnage télévisuel pour les enfants de de 2 ans avec un harcèlement accru à l’âge de 6 ans.
Télé et harcèlement : cadre de l’étude et conclusions
L’étude a concerné dans un premier temps près de 2.000 enfants âgés de 29 mois, soit 2 ans et 5 mois. Il a été demandé aux parents de ces chérubins canadiens, 991 filles et 1006 garçons, de renseigner le temps passé par leurs enfants devant la télévision. Puis, à l’âge de 12 ans, nouveau questionnaire cette fois à destination des individus concernés. Il leur était demandé de préciser les rapports qu’ils entretenaient avec leurs camarades à l’aide de questions du type : « À quelle fréquence prend-on vos effets personnels ? »ou « À quelle fréquence êtes-vous victime de violence verbale ou physique ? ».
Le Pr Linda Pagani, auteure principale des travaux, conclut : « Pour chaque tranche de 53 minutes d’écoute quotidienne de la télévision à l’âge de 29 mois, les enfants s’exposent à une augmentation de 11 % du risque d’intimidation par les camarades de classe en sixième année ». D’autres critères ont été pris en ligne de compte, comme le niveau de revenus des parents et leur niveau d’éducation.
La socialisation empêchée par la télévision
Linda Pagani poursuit et précise : « Les heures passées devant le téléviseur empiètent sur les interactions familiales, qui demeurent le premier véhicule de la socialisation et l’intelligence émotionnelle ». Mais aussi, conduisent à « des déficits du développement des fonctions cérébrales responsables de la résolution des problèmes interpersonnels, de la régulation des émotions, de la compétence sociale dans le jeu avec les pairs et des contacts sociaux positifs ».
Preuve, s’il en fallait une, que l’abus de télévision dès le plus jeune âge nuit à l’épanouissement et que rien ne remplace les expériences vécues face à face avec la réalité.